Depuis l'entrée en application de l'Accord d'association Algérie-UE en
septembre 2005, l'Algérie estime qu'elle a plus perdu que gagné. C'est le
moment de revoir bien de chapitres de coopération entre les deux partenaires
pour une coopération gagnant-gagnant. C'est possible, pour autant que l'on se
dise toutes les vérités.
Le 5e Conseil d'association Algérie-Union européenne s'est ouvert hier à
Luxembourg, avec l'objectif de revoir un certain nombre de dispositions de
l'Accord d'association qui lie les deux partenaires et qui est en application
depuis septembre 2005.
Et pour cause, l'Algérie a, après
cinq années de mise en place de l'Accord d'association, plus de raisons à
s'inquiéter sur la trajectoire que semble prendre sa coopération avec l'UE et
ses retombées sur le plan national. Jugez-en : 1,1 milliard de dollars de
rentrées fiscales en moins pour les douanes algériennes à la fin de l'année
2009 ; un taux de consommation de 0% pour les 17 contingents (groupes) de
produits ouverts à l'exportation par l'UE, contre un épuisement de 43
contingents de produits européens sur les 76 ouverts par l'Algérie. Hors
hydrocarbures, les exportations algériennes ont à peine augmenté de 200
millions de dollars, contre une augmentation pour l'UE de plus de 4, 335
milliards de dollars ! Ce déséquilibre de la balance commerciale qui profite à
l'UE est d'autant plus inacceptable que l'UE demeure le premier partenaire
commercial de l'Algérie avec lequel elle réalise 53,23% de ses exportations et
en importe pour 51% de ses besoins.
C'est sur ce constat de
déséquilibre et d'échecs économiques que les ministres des Affaires étrangères
entameront leurs discussions, avant d'aborder les questions politiques et
humaines. La sonnette d'alarme tirée par les Algériens n'est pas une simple vue
de l'esprit, car si les choses restent en l'état, l'Algérie ne sera plus qu'un
immense «déversoir» des produits européens, un grand souk de consommation sans
retombées significatives sur son économie en termes d'emploi, de croissance et
d'innovation.
«En 2017, à la fin du processus
de démantèlement tarifaire et l'entrée effective en Zone de libre-échange, cela
se traduira par un manque à gagner pour l'Algérie estimé à près de 3,5
milliards de dollars. C'est-à-dire moins de ressources fiscales, peu
d'investissement, peu d'exportation hors hydrocarbures…». a rappelé Karim
Djoudi, ministre des Finances, dans son discours du 8 avril dernier prononcé à
Bruxelles après la rencontre du G 20 et de l'Afrique tenue à Crans Montana
(Suisse).
De leur côté, les Européens ont
aussi quelques reproches à formuler aux Algériens, dont l'adoption de la loi de
finances complémentaire (LFC) l'année passée n'est pas des moindres. L'UE
estime que cette loi va à l'encontre de l'esprit de l'Accord d'association,
pendant que l'Algérie la revendique comme un moyen de réguler sa balance
commerciale. D'autant plus que l'Accord d'association n'exclut pas ce droit de
regard et de révision de certaines dispositions lorsqu'elles s'avèrent
inappropriées.
A ces questions d'ordre
économique, les ministres auront à examiner les autres domaines d'ordre
politique et diplomatique. Sans conteste, la lutte contre le terrorisme
international, la coopération judiciaire et policière, la libre circulation des
personnes, la lutte contre l'immigration clandestine, les droits de l'homme,
etc. seront au chapitre des discussions entre les deux partenaires.
A l'heure où nous mettons sous
presse, la réunion du Conseil vient de s'ouvrir, et en attendant le communiqué
final, il est attendu que les deux partenaires n'auront pas trop de difficultés
à parler de la même voix, excepté le traitement de la question migratoire.
L'Algérie s'en tiendra aux termes
de l'accord de réadmission qu'elle a signé. Par contre, les Européens devront
clarifier et rassurer sur leur comportement vis-à-vis des terroristes preneurs
d'otages. Payer des rançons aux terroristes n'est pas pour aider à la lutte
contre eux, particulièrement dans la région du Sahel, où El-Qaïda au Maghreb
opère depuis un certain temps.
Enfin, même si ce n'est pas
l'objet de la réunion entre les deux partenaires, la question des derniers
développements autour de la question palestinienne ne pourra être évitée dans
les discussions à huis clos entre les minsitres des Affaires étrangères. Parce
qu'au final, l'Accord d'association UE-Algérie s'inscrit dans la perspective de
la zone de libre-échange euro-méditerranéenne, soit celle qu'ambitionne le
projet dit de l'Union pour la Méditerranée (UPM). A ce stade, c'est encore
Israël le grand bénéficiaire (politique et économique). Pas encore les pays du
sud de la Méditerranée, en particulier l'Algérie.
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Posté Le : 16/06/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com