Algérie

Connivence franco-libyenne



Tripoli et Paris ont été de connivencedans le processus juridico-diplomatique qui s'est conclu hier par l'extraditionde Libye vers la Bulgarie des cinq infirmières et du médecin ressortissants dece pays où, dès leur arrivée, ils ont été graciés et se retrouvent ainsitotalement libres. Les deux capitales ont, c'est l'évidence, parfaitementsynchronisé leurs interventions dans l'enchaînement, ces deux dernièressemaines, des événements qui ont conduit à cet heureux dénouement. Ens'entendant dans cette affaire, Nicolas Sarkozy et Maamar El Kadhafi enretirent chacun des bénéfices. En obtenant du «Zaim» libyen qu'il cautionne lafiction que le geste ayant permis l'extradition des ressortissants bulgares estredevable à l'intercession française, le président Sarkozy fait coup double.Celui de conforter l'image d'efficacité et de compétence qu'il veut imposer enFrance et dans le monde depuis son entrée à l'Elysée. Le scénario lui permetégalement de neutraliser dans son pays, les oppositions qui auraient étépromptes à se manifester contre une politique de rapprochement et denormalisation des rapports entre Paris et Tripoli. Or, c'est là un objectifpolitique du nouveau président français qui conditionne la réussite de sonprojet d'Union méditerranéenne.En «moussant» le rôle de laFrance dans le dénouement de l'affaire des infirmières et du médecin bulgares,Kadhafi se fait de son côté bonne presse auprès de l'opinion française etatténue ainsi les refus qu'elle peut exprimer contre la reprise des relationsavec son régime.En tout cas, les deux hommesn'ont pas tardé à exploiter l'heureux dénouement censé résulter de leurscontacts, Nicolas Sarkozy atterrit aujourd'hui même à Tripoli avec l'intentiondéclarée de regagner pour l'économie de son pays, le terrain perdu par celui-cià cause des années où Paris a été en délicatesse avec le régime de la«Jamahiria».En apparence le présidentfrançais a réussi le «bon coup» en tirant à soi le tapis dans cette affaire,des détenus en Libye. La France officielle ne tarit pas d'éloge surl'efficacité de la «diplomatie Sarkozyenne». Mais ses «cocorico»franchouillards irritent pas mal de monde parmi la communauté internationale.Peu apprécient en effet laméthode du président français qui consiste après quelques gesticulations, às'auto-attribuer les mérites de résultats ou d'accords qui n'ont pu se réaliserqu'après de longues et surtout discrètes contributions d'autres acteursinternationaux politiques et diplomatiques. Cela a été le cas dans le dossierde la renégociation des statuts de l'Union européenne, où le nouveau présidentfrançais a sans vergogne volé la paternité du consensus obtenu à la chancelièreallemande. Cela a été aussi le cas avant, au sommet du G8, où le présidentfrançais a tout fait pour que l'on lui attribue la parternité du «compromis»sur la politique de protection de l'environnement.Passée l'émotion que suscitel'heureux dénouement de l'affaire des «infirmières», le comportement de laFrance dans celle-ci fera inévitablement réagir, ceux qui ne digèreront pasfacilement l'opportunisme de la méthode du président français. D'autant quecelui-ci pourrait être accusé de ne pas avoir dit la vérité sur lescontreparties que la France aurait consenti à Tripoli en échange del'extradition des détenus bulgares.


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