Algérie

Conjurer et non conjuguer les périls



Conjurer et non conjuguer les périls
Les discours qui émanent de part et d'autre de la ligne de grande fracture entre le pouvoir et l'opposition véhiculent ces temps-ci des thèses porteuses de menaces. La fracture ne sépare pas des idéologies comme cela pouvait être et comme cela l'a déjà été, mais elle sépare ceux qui engagent le président pour un quatrième mandat et ceux qui se sont opposés. Apparemment, il s'agirait pour cette nouvelle opposition de faire hiberner ses divisions internes pour concentrer le tir sur le pouvoir (le régime ') et de créer les conditions pour que se réalise l'un des deux scénarios suivants. Le premier consiste en le retrait du président du processus électoral pour ouvrir le jeu, car celui-ci serait fermé de l'avis de ses opposants actuels. Le scénario qui serait dans les " têtes "est celui par lequel le président Zeroual s'était senti contraint de déposer sa démission. Une drôle de démission d'ailleurs puisqu'il continua à gérer le pays et à prendre des décisions alors que moralement il avait démissionné et que toujours moralement il n'était plus président de la République. Une démission de Bouteflika permettrait de relancer le jeu, d'ouvrir le jeu. Le deuxième scénario serait celui de l'intervention de l'armée pour arrêter le processus électoral. On ne serait pas tout à fait dans la ré édition du cas de janvier 92 , car il n'y a pas de parti quasi dominant par des victoires électorales. Le FLN est divisé, et il appartient à plusieurs chapelles. De part et d'autre, les deux camps invoquent les menaces extérieures pour justifier leurs démarches. Ceux qui sont au pouvoir véhiculent la thèse selon laquelle il faudrait absolument garantir la stabilité politique pour ne pas subir la menace d'une instabilité recherchée qui a pour nom " le printemps arabe". La stabilité politique passe bien sûr par la stabilité du pouvoir, c'est-à-dire des hommes, c'est-à-dire par la reconduction du président. Pour l'autre camp, celui de l'empêchement d'un quatrième mandat, c'est la présidence à vie qui est la cause d'une déstabilisation telle que celle connue par l'Egypte, la Tunisie, la Syrie, la Libye.De toute façon, nous sommes devant un dialogue de sourd. Les enjeux sont trop importants, et il faudrait craindre d'entendre une première rafale qui plongera le pays dans un début de chaos. Les opposants à un quatrième mandat ne sont plus inhibés. Ils seront en permanence dans la rue malgré l'incessante répression des forces de sécurité. Nous ne sommes plus dans le contexte où l'armée interviendra à nouveau pour réprimer des manifestations qui ont une coloration politique. Nombre d'analystes sont d'accord pour dire qu'il serait dangereux pour le pays qu'intervienne l'armée pour disperser les foules. L'armée n'est pas faite pour le rétablissement de l'ordre public. L'armée a pour mission d'anéantir l'adversaire, de vaincre. On ne peut pas anéantir les populations.




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