Le «Congrès du Millénaire» du Front des forces socialistes (FFS) a finalement eu lieu jeudi et vendredi à Zéralda. Un congrès dont l?enjeu principal n?est pas seulement de dépoussiérer les instances dirigeantes (élire un nouveau conseil national et, certainement, reconduire Hocine Aït Ahmed à la tête du parti), mais d?enclencher une «dynamique de rassemblement» en son sein autour «d?initiatives politiques». Les centaines de congressistes n?avaient d?yeux que pour leur président, dont le discours très attendu ne devait débuter qu?à la mi-journée. Réitérant ses positions et celles de son parti, Hocine Aït Ahmed (HAA) explique que la raison d?être du parti est de s?opposer et de militer pour que soient bannies « les intimidations, la terreur, les disparitions, la guerre civile, la guerre contre les civils et les guerres à caractère ethnique ». « Fidèle à mes engagements, je n?accepte aucune compromission » et « n?abdique jamais devant aucune presse ni aucune sirène ou gloriole personnelle », dira-t-il, comme pour rappeler qu?il n?est pas là pour négocier ou pour partager quoi que ce soit. Revenant sur le qualificatif de « traîtrise » utilisé contre le FFS durant la décennie 90 (par presse interposée), HAA considère que « les clans du pouvoir » accusent son parti « de ce qu?ils sont capables de faire ». Critiquant les « visions policières des problèmes » et le maintien de l?état d?urgence, le président du FFS estime, en faisant référence sans les citer au livre de Belaïd Abdesselam et aux réactions qu?il a suscitées, que « les récentes révélations montrent avec quelle légèreté se jouait l?avenir de notre pays ». Par ailleurs, et en évoquant la situation politique dans le Maghreb, Aït Ahmed a appelé à « l?élection d?un parlement maghrébin au suffrage universel ». Sur le plan interne du parti, HAA reconnaît qu?il y a lieu de « faire le point sur notre fonctionnement », estimant que le parti est dans une phase d?ancrage dans la société. Le président du FFS clôture son discours en s?adressant aux jeunes, en affirmant comprendre leurs aspirations. « Je suis disponible et prêt à servir », leur a-t-il dit: ce qui a été compris par beaucoup d?observateurs comme étant la volonté de Aït Ahmed de continuer à la tête du FFS. Pour les militants, sa reconduction est d?ailleurs indispensable pour la stabilité du parti. Plus applaudi que Hocine Aït Ahmed, Mouloud Hamrouche (un des invités de ce 4e congrès) n?est pas allé de main morte avec les pouvoirs publics. L?ancien chef du gouvernement affirme avoir l?impression que « nous avons un pouvoir sans couleur ». La couleur idéologique importe peu pour lui, mais ce qu?il critique, c?est « l?absence d?identité nationale » et de « volonté nationale » chez les tenants du pouvoir. A ces derniers, il reproche de « gérer le pays en s?éloignant de sa population » et de prétendre vouloir construire un système démocratique « par des voies autoritaires ». Pour Mouloud Hamrouche, la démocratie « ne peut se défendre ni par le char, ni par la répression, ni par des brigades en chemises noires ou vertes ». Pour lui, la démocratie passe nécessairement par l?acceptation des « conséquences » des urnes et l?émergence de nouvelles élites dirigeantes. « Seule la loi, ajoute-t-il, doit être l?outil de répression en cas de dépassements ».Pas très convaincu de la nécessité de changement des hommes, le « vrai changement » reste, selon l?orateur, « celui qui passe par le changement des règles » de gestion et d?accès au pouvoir. Il énumère quelques défaillances de gestion des pouvoirs publics et « d?échec de la gouvernance malgré une aisance financière ». La crise de la pomme de terre n?est qu?un élément de cette « gestion ». Mais pour Hamrouche, le plus grave, c?est « le silence abject » des pouvoirs publics devant la vague de suicides des jeunes et les tentatives d?émigration clandestine, souvent dans des conditions très risquées, qu?une partie de la jeunesse algérienne semble avoir adoptée comme moyen de fuir les conditions de vie dans leur pays. Voulant terminer sur une note moins pessimiste, Hamrouche estime que le pays « entame une nouvelle étape ». Sans donner de détails, il laisse insinuer que les faiblesses et les incompétences au sein du pouvoir finiront bien par ouvrir une brèche dans la libération de la société.S?exprimant avant Hamrouche, Abdelhamid Mehri s?est voulu lui aussi rassurant et conseilleur pour les militants du FFS, à qui il a rappelé que malgré les problèmes internes au sein des partis, « il faut toujours garder à l?esprit que les véritables problèmes sont à l?extérieur ». « Le projet du FFS, leur a-t-il dit, doit rester toujours rassembleur de l?ensemble des militants, quelles que soient leurs divergences ». Pour lui, les militants du FFS mais également l?ensemble des Algériens doivent avoir comme objectif « la construction d?un Etat démocratique » qui « reste toujours en suspens depuis l?indépendance ». L?ancien secrétaire général du FLN appelle à un « changement radical » qui passe nécessairement, selon lui, par le « refus catégorique du recours à la violence et de l?exclusion ». Lequel changement, précise Mehri, « ne signifie pas d?apporter des modifications à la Constitution, mais de changer les pratiques qui se font derrière le dos de la loi fondamentale du pays ». En d?autres termes, de remettre les institutions chacune à sa place. « Nous voulons une volonté nationale de démocratisation », seule solution, selon lui, pour « mettre fin à la violence qui endeuille notre pays ».
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Posté Le : 08/09/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Mehdi
Source : www.lequotidien-oran.com