Confusions dans l'économie du marché local

Depuis que l'on susurre partout que nous sommes entrés en économie de concurrence, les opérateurs y trouvent matière à justifier les augmentations des prix des services qu'ils " offrent " aux usagers. Ils recourent tout le temps à des mouvements de grève pour forcer les pouvoirs publics à accepter leur " diktat ". A Béjaïa par exemple, surtout à Béjaïa, qui vient de connaître une grève des transporteurs urbains, il semble qu'il n'y a pas des approches convergentes en terme de concepts, ou plutôt du contenu des concepts. Il semble ainsi que les pouvoirs publics n'ont pas assez expliqué le système économique dans lequel fonctionnent les opérateurs économiques. Deux évènements décalés dans le temps peuvent donner une idée sur le niveau de divergence ou d'incompréhension. Quand il s'agit de faire augmenter le prix du ticket de transport à l'intérieur de la ville, de cinq à dix dinars, la direction des transports argumentait face à l'association de défense des consommateurs en leur expliquant qu'il s'agit du principe de l'offre et de la demande, de la concurrence également. Or, même s'il y a de nombreux opérateurs, en réalité, il n'y a pas de concurrence par les prix. Justement, les opérateurs s'entendent solidairement sur les prix à appliquer. Ils se présentent ainsi comme un monopole face à une concurrence qui n'existe pas. La seule concurrence à laquelle ils se livrent est celle de l'excès de vitesse dans la ville pour ramasser le plus de clients. Les conditions de confort pour les usagers ne sont nullement une préoccupation. Aujourd'hui, la revendication d'une autre augmentation de cinq dinars est la même, soit faire passer le prix di ticket de dix à quinze dinars. La motivation a changé. Il s'agit d'aligner le prix du ticket sur l'entreprise publique (type RSTA) qui a pour mission de transporter les voyageurs qui viennent d'autres wilayas. Ces bus ont accès à l'enceinte de la nouvelle gare routière gérée d'ailleurs par la même entreprise qui gère la gare routière de Kharouba. Cette entreprise supporte des charges supérieures à celles que supportent les opérateurs privés. D'abord, l'entreprise publique emploie du personnel technique et administratif. Ensuite, ces bus publics respectent les horaires alors que les bus privés font du remplissage. Pour ce qui concerne les charges, le personnel se limite au chauffeur et au receveur.