Algérie

Confusion au Tchad et rôle trouble de Paris



La situation est confuse au Tchad, où des combats ontéclaté hier vendredi à une cinquantaine de kilomètres de la capitale N'djamena,entre les forces gouvernementales et une colonne de rebelles partie,semble-t-il, de Abéché, à la frontière du Soudan. Les informations concernantcet affrontement sont contradictoires.Les autorités officielles affirment en effet que leursforces ont enrayé la progression des rebelles, alors que ceux-ci assurent avoirpris le dessus sur elles. Conséquences de cette situation confuse qui règne auTchad, la France a annoncé le renforcement de son dispositif militaire dans cepays, pour officiellement assurer la protection de ses ressortissants présentsou résidants, alors qu'il a été par contre décidé de surseoir au déploiement dela force européenne qui était en cours dans le pays en vue de sécuriser lescamps de réfugiés accueillant des habitants du Darfour ayant fui cette région.Ce n'est pas un hasard si la rébellion au Tchad est passéeà l'offensive avant que cette force militaire européenne ait réalisé sa mise enplace dans le pays. Les porte-parole de la rébellion n'ont pas en effet cachéleur hostilité au déploiement dans leur pays de cette force internationaleeuropéenne, qui, décidée à l'instigation de Paris, n'a pas à leurs yeux lamission humanitaire et de prévention dont elle a été parée, mais celle deprotéger et défendre le régime du général Déby au pouvoir à N'djamena, contrelequel leurs forces combattent.L'offensive de la rébellion n'arrange pas les affaires pourla France sur la question du déploiement de l'Eufor dans un pays qui estlui-même en proie à une guerre civile, dont les conséquences sont tout aussidramatiques pour sa population que celles générées par celle qui a cours auDarfour, dans le Soudan voisin.Les pays européens ont traîné des pieds pour s'associer àla France dans la création de cette force militaire européenne d'interposition.Certains n'ont pas fait mystère de la réserve que leur inspire l'initiativesoutenue très fortement par Paris, dont ils soupçonnent qu'elle a pourarrière-pensée de faire contribuer l'Union européenne à la préservation du «précarré français» dans cette région subsaharienne englobant le Tchad, mais aussila Centre-Afrique et le Niger. Des pays d'où émanent de fortes odeurs depétrole et d'uranium.Les réticences européennes à accompagner la France dans sapolitique pour cette région risquent de se transformer en opposition dans lecas où, comme en 2006, Paris décide de voler au secours du pouvoir en place enfaisant intervenir ses troupes contre les rebelles tchadiens. Si ce parti prisse confirme, il ne fera que créditer l'argument que les agissements françaisdans cette zone n'ont absolument rien à voir avec la préoccupation humanitaireet ne sont que manifestation de la poursuite d'une politique néocoloniale. LaFrance officielle a bien du mal à justifier son soutien à Déby, dont le régimearme et télécommande les factions rebelles soudanaises qui, partant duterritoire tchadien, entretiennent la violence et l'anarchie au Darfour etrefusent de s'impliquer dans les plans de paix que la communauté internationaletente de concrétiser. Il n'y a que Bernard Kouchner pour être à l'aise danscette contradiction et à défendre la pureté des intentions de la politiquefrançaise.
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