L'émigration clandestine vers l'Europe a augmenté de 30 pour cent cette année. Elle aurait engendré plus de 3000 morts recensés officiellement et il est à craindre que le nombre de décès annoncé soit bien en deçà de la réalité. Observation curieuse, plus les Etats européens multiplient les barricades pour stopper les vagues des désespérés et plus leur nombre augmente et tout porte à croire que l'Europe s'échine à multiplier les coups d'épée dans l'eau. Dresser des murs de plus en plus hauts s'avère donc avec évidence une aléatoire solution et au vu des tentatives d'assaut répétées chaque jour, la multiplication de ces houles humaines particulières va s'amplifier. En se recroquevillant davantage sur elle-même, l'Europe de Schengen hausse les décibels du chant des sirènes pour captiver jeunes et moins jeunes, femmes et enfants.Il n'est pas prouvé que cette population désespérée et en mal de vie provienne dans sa totalité des contrées en guerre et il n'est pas encore certifié que cet exode du siècle soit le tribut d'une fuite précipitée d'exilés d'un nouveau genre. Mais il est constaté que la majorité de ces naufragés de la vie traversent les mers à la recherche d'un peu de pain et d'un peu de dignité. Le phénoménal paradoxe est qu'ils vont chercher dans la mort une nouvelle vie et tous ces damnés sont conscients qu'au bout de leur farouche expédition c'est sur le suicide qu'ils risquent de buter.Il est difficile de croire que les désastres qui embrasent la Syrie, l'Irak, la Libye et d'autres contrées soient les seuls terreaux d'un phénomène de plus en plus amplifié devant lequel l'Europe se dit désemparée. Et le vieux continent s'ingénue parfois à étaler des équations d'une drôle de complexité en exposant des remèdes contradictoires utilisant la force et des stratagèmes pour interdire à ses propres enfants de quitter leurs pays les empêchant d'emprunter l'itinéraire inverse des nouveaux «lépreux».Ces terrifiantes tribulations, farouches volontés croisées pour aller à la rencontre de la vie en invitant la mort, ont un monde dans une crise profonde en commun. Séquelles durables et perverses des colonialismes, criarde injustice dans le partage des richesses, catastrophiques gouvernances sont le lit des dramatiques inconséquences humaines jusqu'à pousser à confondre la vie et la mort.
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Posté Le : 26/03/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M Abdou BENABBOU
Source : www.lequotidien-oran.com