Algérie

Conflit résidents-ministère: Tension dans les hôpitaux



? Atmosphère lugubre hier au CHU de Blida, à la veille de l'entrée en vigueur du mot d'ordre des médecins résidents de ne plus observer ni service minimum, ni les gardes. ‘'Ils ne sont pas là'', nous répondent deux étudiantes en 1ère année de médecine. ‘'Nous, nous ne sommes pas en grève, on est en 1ère année. Mais, si vous cherchez les résidents, ils sont en assemblée générale'', ajoute l'une de ces étudiantes. Les services sont presque vides, et seuls les ‘'internes'' et les assistants assurent les activités médicales au CHU Frantz Fanon de Blida, ainsi que la polyclinique Ferroudja, mitoyenne du CHU. Contacté par nos soins, un des membres du Camra de Blida, Nabil Kellal, n'a pu nous répondre, étant en AG avec le reste des médecins résidents de la wilaya, pour décider de la marche à suivre pour observer, à partir d'hier dimanche 29 avril, l'arrêt de toute activité médicale, comme cela a été annoncé dans un communiqué du Camra samedi. Dans ce communiqué, le Camra a indiqué que ‘'dans le cadre du durcissement de notre mouvement de contestation et vu la situation financière très délicate des résidents les mettant dans l'incapacité de subvenir aux frais de transport pour rejoindre leurs lieux de travail, nous vous informons que la présence des résidents dans les points de garde ne sera plus assurée à partir du 01/05/2018''. En réaction à cette décision, le ministère de la Santé a réagi violemment en ordonnant aux directeurs de structures hospitalières de recourir aux réquisitions s'il le faut pour faire fonctionner les services, et donc obliger les médecins et dentistes résidents à assurer les gardes. Peine perdue, puisque le Camra répond que le statut d'étudiants des médecins résidents les dispense de toute réquisition. Bref, la situation est arrivé à un point de non-retour, où seules des décisions courageuses peuvent amener des solutions consensuelles, et mettre fin à la crise.Pour autant, il semblerait que les choses, du moins jusqu'à hier dimanche 29 avril, n'avaient pas tellement bougé du côté du ministère de la Santé, qui a invité les représentants du Camra à une réunion de travail, mais, apparemment, et selon le Collectif, sans ordre du jour. En effet, le bureau national du Camra a indiqué dans un communiqué mis en ligne sur sa page Facebook que ‘'nous avons reçu hier (samedi, NDLR) un appel de l'inspecteur général de la santé M. Bouredjouane pour annoncer une réunion à la date d'aujourd'hui (dimanche, NDLR) pour 15h30, et ce, sans nous préciser plus de détails sur l'objet de cette réunion.'' Le Collectif ajoute que ‘'nous avons répondu par e-mail (seul outil d'invitation officielle entre nous et le ministère de la Santé) que nous demandons une « invitation officielle avec un ordre du jour et la liste des présents pour y répondre''. Le bureau national du Camra a ainsi expliqué qu'''au vu du mutisme du ministère quant à notre requête de précisions, nous avons pris la décision de ne pas se rendre à une réunion dont on ne connait ni les motifs, ni les personnes qui y assistent.'' Le Collectif, qui a dénoncé ‘'les tentatives de manipulation médiatique'', regrette que le ministère de la Santé annonce ‘'une réunion aux médias alors même que nous n'avons pas confirmé notre présence.'' La décision de l'arrêt des gardes et le service minimum devait être effective hier soir, et marquer un tournant dans le bras de fer entre le ministère de la Santé et le Collectif, qui dénonce la campagne médiatique du ministère.
Par ailleurs, à Blida, où les médecins résidents étaient en assemblée générale pour décider de la marche à suivre concernant la décision du Camra d'arrêter les gardes, il a été décidé que ce ne seront pas toutes les spécialités qui observeront un arrêt des gardes, selon un résident contacté par Le Quotidien d'Oran. ‘'Les services qui ont décidé un arrêt total des gardes dans les CHU de la wilaya de Blida et les autres rattachés, comme ceux de Douéra et Sidi Ghiles (Cherchell), sont ceux de chirurgie générale, traumatologie-orthopédie, Neurochirurgie et chirurgie infantile''. ‘'Au CHU de Douéra, l'arrêt des gardes sera de 100%, alors qu'à Sidi Ghiles, il y a pour le moment le service de réanimation'', poursuit la même source, selon laquelle ‘'il y a quelques hésitations concernant certaines spécialités''.
Par ailleurs, selon des échos ‘'qui nous sont parvenus, le wali de Blida serait en train de préparer les ordres de réquisitions'', comme cela avait été décidé par le ministère mais à l'adresse des directeurs de structures hospitalières, rapporte le même médecin résident. Pour autant, ‘'nous avons consulté un procureur, qui nous a dit qu'ils n'ont pas le droit de procéder à des réquisitions, puisque vous êtes encore des étudiants''. ‘'L'AG se poursuit toujours, et pour le moment, ceux qui ont décidé d'observer l'arrêt des gardes vont procéder au dépôt des préavis'', a-t-on appris auprès de cette assemblée générale des médecins résidents de la wilaya de Blida. Toujours au sujet des réquisitions décidées par le ministère pour obliger les résidents à travailler, le DG du CHU de Bab El Oued, dans la wilaya d'Alger, a instruit les chefs de service qu'ils doivent eux-même, selon une note diffusée par le Camra sur sa page Facebook, désigner les médecins concernés. Rappelant qu'un préavis d'arrêt de gardes lui a été adressé par le collectif de résidents du CHU, il a souligné que ‘'le recours à la réquisition est subordonné à la désignation préalable des médecins concernés par vous-même et à titre nominatif''. Dans une instruction en date de jeudi 26 avril, la direction générale des services de santé du ministère explique aux responsables des hôpitaux publics qu'ils peuvent désormais avoir ‘'recours aux réquisitions des médecins résidents pour garantir la continuité des soins et la prise en charge des malades.'' ‘'Les gestionnaires des établissements publics de santé sont tenus, si besoin est, et ce, conformément aux articles 41 et 42 de la loi précitée (90-02), d'avoir recours aux réquisitions des médecins résidents en sciences médicales qui font partie des équipes de garde, aux fins de garantir la continuité des soins et la prise en charge des malades dans le cadre de l'urgence'', précise cette instruction envoyée aux 48 directions de wilaya de la Santé.


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