Algérie

Confirmation de peine pour deux hirakistes et libération de Yanis Adjlia



Plusieurs procès de hirakistes se sont tenus hier dans plusieurs cours (Béjaïa, Bordj Bou-Arréridj, Chlef, Mostaganem, Tlemcen...) mais un seul a connu un dénouement heureux, à savoir celui de Yanis Adjlia qui a recouvré la liberté.À Chlef, la peine de deux ans de prison ferme et d'une amende de 100 000 DA prononcée à l'encontre du policier Toufik Hassani a été confirmée lors du procès en appel qui s'est tenu hier au tribunal de Ténès, relevant de la cour de Chlef. Le procès dont le verdict sera prononcé le 13 décembre prochain, intervient après les trois renvois, en octobre et en novembre derniers.
L'activiste était accusé au départ d'atteinte à la sûreté de l'Etat et à l'intégrité nationale, de divulgation de secrets professionnels sur les réseaux sociaux et d'avoir proféré de graves menaces à l'encontre des agents de la police nationale. Cependant Toufik Hassani a été innocenté des accusations relatives à l'atteinte à la sûreté de l'Etat et à l'intégrité nationale, ont indiqué des sources.
La condamnation de l'ancien policier a suscité de vives indignations dans la population. "Si nous nous sommes engagés auprès de lui, c'est tout simplement dans le but d'en finir avec les symboles de l'ancien système. Nous ne comprenons pas la condamnation de Toufik Hassani lui qui n'a fait qu'exprimer son opinion", ont déploré de nombreux citoyens dont un grand nombre de jeunes, à l'issue du procès.
À Mostaganem, la cour d'appel a confirmé, hier après-midi, la peine prononcée en première instance contre le hirakiste Oussama Tifour. Le 26 octobre dernier, le tribunal correctionnel de Mostaganem avait, en effet, condamné Tifour à une année de prison ferme pour outrage et violence à fonctionnaires de l'Etat, exposition au regard du public de documents de nature à nuire à l'intérêt national et offense au président de la République.
Le procureur de la République avait requis trois ans d'emprisonnement pour les propos tenus par l'accusé dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux tandis que la défense avait plaidé la relaxe dans un dossier qui, a-t-elle considéré, n'est soutenu par aucune preuve matérielle justifiant les poursuites judiciaires.
"Oussama Tifour a été condamné pour son activisme au sein du Hirak", avait assuré l'un des avocats de la défense en assurant que "l'enregistrement incriminé ne comporte aucune atteinte à la sûreté de l'Etat".
Hier, lors du procès en appel, le procureur de la République a requis l'aggravation de la peine alors que les avocats de la défense ont plaidé la relaxe pour un citoyen dont le seul tort est d'avoir exercé son droit de s'exprimer.
"Sur un plan purement procédural, l'enregistrement vidéo dont le contenu lui vaut d'être ainsi traîné devant la justice, a été exploité sans autorisation du Parquet. En principe, la procédure est frappée de nullité", a estimé Me Ahmed Mebrek.
Le 18 octobre dernier, Oussama Tifour, 26 ans, avait répondu à une convocation de la police et avait été présenté devant le procureur de la République avant d'être conduit pour une comparution directe. Le procès, qui devait avoir lieu ce dimanche-là en fin d'après-midi, avait été finalement reporté au 26 octobre.
À Bordj Bou-Arréridj, l'activiste Hassan Zebiri, arrêté mercredi 2 décembre dans la capitale des Bibans, a été placé, hier, sous mandat de dépôt, à l'issue d'un procès en comparution immédiate qui s'est tenu au tribunal correctionnel de cette ville, a indiqué le collectif des avocats de la défense qui précise que le procès a été reporté au 20 décembre prochain.
Le hirakiste est poursuivi pour "exposition au regard du public de documents de nature à nuire à l'intérêt national et partage de documents sur sa page Facebook", "incitation à attroupement" et "outrage au Président et à corps constitués".
À Béjaïa et après avoir purgé sa peine de deux mois de prison à la maison d'arrêt d'Oued-Ghir, le hirakiste Yanis Adjlia a recouvré, hier, la liberté. Une foule de hirakistes, à leur tête l'ex-détenu Khaled Tazaghart, l'a accueilli en formant un cortège de voitures pour l'accompagner jusqu'à la cité CNS où il habite.
Heureux de retrouver les siens, ses amis et sa famille, après sa libération, Yanis Adjlia a déclaré : "Si aujourd'hui je suis libre, c'est grâce à la mobilisation et à la solidarité infaillible de la population et au travail de mes avocats (...)"
Pour rappel, le militant hirakiste Yanis Adjlia a été arrêté le 5 octobre dernier, à la cité Daouadji, lors d'un rassemblement commémorant le 32e anniversaire des événements du 5 Octobre 1988. Il a été mis en garde à vue et placé sous mandat de dépôt le lendemain à l'issue de sa comparution devant le tribunal de Béjaïa.
Cet ex-détenu a été poursuivi pour "atteinte à la personne du président de la République", "mise en danger de la vie d'autrui" et "incitation à attroupement".
Lors de son procès, le 3 novembre dernier, l'activiste avait été condamné à deux mois de prison ferme assortie d'une amende de 50 000 DA pour les deux premiers chefs d'inculpation sus-cités et innocenté pour le 3e.
Le hirakiste a introduit un appel contre sa condamnation et sera jugé mercredi 9 décembre par la cour d'appel de Béjaïa. Mais il doit d'abord se présenter, mardi 8 décembre, devant le juge avec deux autres activistes du Hirak, pour ses activités au sein du Hirak.

A. CHENAOUI/S. OULD ALI/C. BOUARISSA/L. OUBIRA


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