L'annonce de la prochaine réouverture de certains commerces et services a été accueillie avec soulagement par les premiers concernés et leurs familles qui ont grandement souffert de ces fermetures rendues obligatoires à cause du risque de propagation du Covid-19.Pour les magasins d'habillement et les coiffeurs, les mesures de prévention qu'ils doivent observer sont connues et peuvent être menées de manière relativement facile : port de masque de protection, limitation du nombre de clients à l'intérieur du local, distanciation sanitaire et désinfection régulière. D'ailleurs le nombre de personnes à se diriger vers ces deux genres est plutôt bas, surtout en cette période d'après l'Aïd, puisque chacun s'est débrouillé à sa manière pour se faire couper les cheveux ou pour acheter des vêtements à ses enfants.
Quant aux restaurants, il faudrait peut-être bien définir les choses et appeler les segments par leurs noms : il y a les restaurants et il y a les pizzerias et autres lieux pour manger rapide et pas cher. Selon les premières indications données, les restaurants seraient obligés de travailler à 50% de leurs capacités, avec distanciation sanitaire et autres mesures de prévention, ce qui peut se faire de manière assez aisée. Mais là où il y a risque de dérapage, c'est dans les fameuses pizzerias, fast-foods, etc., dont le nombre est très élevé et qui accueillent justement la majorité des travailleurs qui exercent loin de chez eux, à cause du prix pratiqué et des facilités qu'ils y trouvent. Tout le monde connaît l'affluence entre 11h et 14h, quand tous les travailleurs se dirigent vers ces locaux de restauration rapide, généralement de petite surface, et s'y pressent de manière très dangereuse en ces temps de Covid-19 et de propagation de virus.
Il ne peut y avoir de limitation de nombre puisque les clients ne s'assoient presque pas, ils mangent debout, rapidement et s'en vont, mais à cause de cette rapidité justement, les règles de distanciation sanitaire et d'hygiène ne peuvent être exécutées. Les restaurateurs se voient obligés de servir le plus de plats possibles en un laps de temps relativement court -celui de la pause-déjeuner- et le client se doit de faire vite pour regagner son travail et éviter les retards. Quant à aller déjeuner au restaurant, ils n'y songent même pas à cause de la cherté qui y est pratiquée. Il faudrait donc trouver le moyen adéquat pour que ces lieux de restauration rapide puissent offrir leurs services dans les conditions d'hygiène et de distanciation sanitaire les plus optimales.
Un gros dilemme
Le transport de personnes est un autre point très important qui touche à la vie de tout le monde et qui manque terriblement à une grande partie de la population, pour le travail, pour les traitements médicaux et pour les achats de tous les jours. Si certaines sociétés qui ont repris du service ont les moyens de garantir le transport pour leur personnel, les petites entreprises, les magasins, les ateliers de tout genre ne peuvent le faire. Les travailleurs ne peuvent s'absenter au risque de perdre une place qu'il leur sera très difficile de retrouver par la suite et ils doivent se débrouiller pour arriver à leur travail à temps, tous les jours. Il n'y a que deux moyens : l'auto-stop, très aléatoire ou le taxieur clandestin. Pour l'auto-stop, il y en a qui prennent leur courage à deux mains, on les retrouve au sortir des villes et villages, à proximité des sièges des entreprises et des chantiers, devant les arrêts de bus déserts. Ils lèvent le pouce timidement, ils restent là parfois près d'une heure sans qu'un conducteur de véhicule veuille s'arrêter et les emmener, généralement les chauffeurs de camions qui sillonnent toutes les routes et qui connaissent un peu la situation de ces malheureux. Ils peuvent aussi se mettre à trois ou à quatre et s'offrir les services d'un taxieur clandestin qui profite de la situation et leur fait payer généralement le double du prix de la course, avec, en prime, le danger d'attraper ce foutu virus qui a chamboulé toute leur vie. Beaucoup d'ailleurs ont perdu leur travail, sont tombés malades et se retrouvent dans des conditions dramatiques.
Il y a aussi ceux qui habitent les douars et les petites agglomérations et qui sont obligés de parcourir plusieurs kilomètres à pied pour aller faire leurs emplettes, des hommes, des femmes et même des enfants. En temps normal, il y a une multitude de petits transporteurs qui assurent la liaison entre ces lieux isolés et la ville mais, actuellement, c'est toute une aventure pour acheter son pain ou son lait. Depuis l'arrêt du transport de personnes, des vieillards, des enfants et des femmes et des jeunes filles prennent le risque de se déplacer à pied à travers champs, au bord de routes désertes ou en coupant à travers les vergers ou toutes les rencontres indésirables avec des criminels de tous genres sont possibles. Mais si ce service est nécessaire et qu'il fasse l'objet d'une reprise, il y a beaucoup à faire pour qu'il réponde aux obligations de précaution sanitaire pour qu'il soit sans grand risque pour les utilisateurs. Déjà, il faudrait interdire le transport de voyageurs debout, de limiter le nombre et d'être strict avec le port du masque de protection.
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Posté Le : 03/06/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Tahar Mansour
Source : www.lequotidien-oran.com