Conférence sur le sud-Soudan au Centre Echaâb : Pleins feux sur un eldorado

«A qui profite l'émiettement du Soudan ' Qui est derrière ' Pourquoi le Soudan ' S'agit-il d'un scénario visant, au fond, le monde arabe musulman '...» et un tas d'autres questions auxquelles a tenté de répondre Mohamed Djamal Arfa, intellectuel égyptien, spécialiste de la question soudanaise, invité, hier à Alger, par le Centre des études stratégiques du quotidien Echaâb. On pensait qu'après la quasi-certaine «indépendance» de sa partie sud, dont le vote référendaire a prit fin jeudi dernier, le Soudan allait enfin renouer avec la paix. «Faux !», tranche catégorique le conférencier. Parce qu'il constitue un gisement pétrolier identique à  ceux du Golfe persique. Parce que aussi les Américains qui craignent un basculement géostratégique au Moyen-Orient menaçant directement leurs intérêts, entendent faire de l'Afrique l'une de leur principale base de leurs réserves stratégiques, que le Soudan fait l'objet de tant de tourments. «Des études démontrent qu'à l'horizon 2015-2025, le pétrole africain constituera 50% des réserves américaines», poursuit M. Arfa. Ce n'est pas tout : et ceux qui ne misent que sur les desseins économiques, en seront pour le frais.Car, le Soudan, avec sa mosaïque ethnico-religieuse demeure, aux yeux de l'Occident chrétien, une terre à  évangéliser vaille que vaille, et de là, à  barrer la route, voire cerner, donc neutraliser, une bonne partie de la Oumma Al Arabia. A commencer par l'Egypte. Ce n'est là qu'une brève image des enjeux incarnés par cette première amputation du Soudan que le conférencier situe dans le cadre politique d'émiettement général visant, après le Sud, d'autres contrées toutes aussi riches les unes les autres : la région d'Abeyei, le Darfour, l'Est du pays…  L'importance des enjeux aura été à  la mesure des moyens mis en œuvre. Pour l'intervenant, il s'agit bien d'une politique règle, décidée et exécutée par quatre acteurs principaux : Les pays occidentaux (Etats-Unis, Europe), le Vatican, Israël et, pour ce qui concerne le Sud du Soudan, par le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM).Les Occidentaux qui n'ont jamais caché leurs visées néocolonialistes, sont plus que jamais décidés à  pomper tout l'or noir du pays. Ils s'y emploient par diverses manières. D'abord indirectement, en s'appuyant sur les organisations humanitaires, qui ne sont que des officines secrètes de leurs services secrets, afin d'armer les rebelles. Puis directement en passant à  l'armement franc de l'armée du SPLM. Il donne pour preuve le navire ukrainien détourné par les pirates somaliens et dans lequel se trouvaient des blindés. Ou les contrats que l'administration US a passés avec des organismes de sécurité privés, pour l'entraînement et le perfectionnement des armées du mouvement du Sud. Cela va sans dire, de la campagne médiatique mondiale diabolisant le Soudan, sous l'image d'un bastion de l'extrémisme islamiste. Le Israéliens, de leur part, ne sont pas moins impliqués. L'Etat hébreu est l'un des soutiens les plus actifs du SPLM, et ce depuis la naissance de ce dernier en 1983. «D'ailleurs, les principaux chefs de ce parti n'ont jamais fait mystère de leur volonté d'établir des relations diplomatiques avec Israël», explique l'intellectuel en ajoutant que l'objectif du pays sioniste est de mettre un pied dans le continent africain afin d'encercler l'allié égyptien qui demeure à  ses yeux une grande menace pour sa sécurité. Par ailleurs, Israël entend faire de sa présence en Afrique un réel appui pour discuter une part du Nil, «les responsables du SPLM se sont, d'ailleurs, dit prêts à  vendre de l'eau aux Israéliens», ajoute M. Arfa.Quant au Vatican, son objectif premier est de faire du Soudan un solide rempart contre l'extension de l'Islam dans les tréfonds de l'Afrique. Qu'ils soient issus de l'église catholique ou anglicane, l'ensemble des acteurs de l'ordre de chrétienté multiplient les missions d'évangélisation, mais saisissent aussi toutes les circonstances religieuses pour appeler à  la séparation du Sud soudanais «chrétien» du Nord musulman.