Conférence sur l'armée américaine : Au service du complexe militaro-industriel

Photos : Fouad S. «Transformations dans les affaires militaires américaines», tel a été le thème de la conférence qu'a animée hier matin au Centre Echaâb des études stratégiques, M. Mohamed Khodja, un enseignant-chercheur, spécialisé dans les questions militaires. Le budget militaire de l'hyperpuissance américaine  tourne autour de 630 milliards de dollars par an. Soit l'équivalent de celui des vingt premières armées réunies ou la moitié de celui de toutes les armées du monde ! Le tableau de la conférence est planté et avec lui celui des transformations qu'a connues l'US Army depuis son «échec» au Vietnam et ses expériences irakienne et  afghane qui lui ont montré que la vision fondée sur le «tout technologique» est dépassée.Des transformations qui ont commencé en 1983 par la création d'un commandement unifié à  Washington et de dix centres de commandements régions, comme le Centcom, en charge du Moyen-Orient et de l'Asie centrale et la recherche des armes de précision et éviter des ….pertes humaines.Deux changements en sus du passage des militaires sous le commandement du président des Etats-Unis et du recours à  l'usage de la force qu'en dernière instance et avec l'aval des politiques,  qui ont été testés, grandeur nature, et dans des conditions physiques différentes, en Irak, en 1991 et  au Kosovo en 1998 et permis au commandement de privilégier les raids aériens qui sont plus précis et quasiment sans risque de pertes humaines.Nos armées doivent àªtre capables d'identifier des cibles grâce à  toute une variété de moyens puis de les détruire presque instantanément par toutes sortes d'armes, des missiles de croisière à  l'artillerie à  longue portée», disait George W. Bush.«La guerre du Kosovo a commencé par les raids aériens et s'est terminée, 78 jours après, par les raids», «la deuxième guerre contre l'Irak en 2003 est une synthèse de celle de 1991 et du Kosovo» et «trois guerres ont permis aux Américains de croire qu'ils peuvent désormais mener des guerres conventionnelles n'importe où dans le monde», estime le conférencier, précisant que les différentes armées US (Air, Mer, Terre) ont, pour préserver leur supériorité actuelle, des programmes tracés pour les prochaines années sur au moins trois axes : technologique, organisationnel et …idéologique. «Même la capacité des troupes à  œuvrer avec les forces alliées est intégrée dans ces programmes où le commandement pyramidal cède devant le commandement en réseau», dit-il en faisant l'impasse sur les ratés de l'armée américaine en Somalie, les civils tués quotidiennement en Afghanistan et au Pakistan par ses avions sans pilote et les scandales des prisons d'Abou Gharib en Irak, les facilités accordées à  cette armée par 130 pays membres des Nations unies, le rôle du renseignement dans cette armée (20.000 soldats étaient affectés aux renseignements durant la seconde guerre du Golfe) et le maintien de l'Alliance Atlantique, bien après la disparition du pacte de Varsovie pour faire tourner le complexe militaro-industriel.Notamment aux Etats-Unis où il fait et défait les locataires de la Maison Blanche. Bush ne disait-il pas que «la meilleure façon de maintenir la paix est de redéfinir la guerre selon nos propres termes»Â ' Des termes qu'il serait de plus en plus difficile à  définir avec cette fin quasi programmée des «guerres symétriques» et l'émergence de conflits irréguliers qui replaceront le facteur humain au centre. Comme en Irak, en Afghanistan.