Algérie

Conférence sur L'Achoura au centre culturel islamique : «Cette fête doit retrouver sa vocation originelle»



Conférence sur L'Achoura au centre culturel islamique : «Cette fête doit retrouver sa vocation originelle»
Photo : Slimene S.A. C'est devant une dizaine de personnes que le professeur Mohamed Abdenbi a évoqué la genèse et la signification de cette fête religieuse. «Sa célébration remonte au premier mois de Moharrem que le prophôte passa à Médine. Il avait alors trouvé que les juifs jeûnaient en souvenir de la victoire de Moussa sur Pharaon». Les livres saints rapportent en effet que pour sauver Moussa, Dieu avait ouvert en pleine mer une route ou seront noyés ses ennemis. Tabari rapporte dans sa chronique que «le Prophôte ordonna aussi aux musulmans de jeûner, eux aussi, ce jour en leur disant : Je suis plus digne de suivre l'exemple de mon frère Moussa fils d'Amran. C'est cette année que fut établi le jeûne de trente jours. En prônant de jeûner ce jour-la, le Prophète  voulait s'inscrire dans la tradition œcuménique propre à  l'islam. «Nous ne devons pas nous montrer frileux parce que l'origine de la tradition est antéislamique», dira le professeur.L'islam reconnaissant tous les prophôtes, l'Achoura demeure selon lui un symbole. Celui de la victoire du droit sur l'injustice car tôt ou tard elle  finit par àªtre vaincue. On jeune pour faire amende honorable et se purifier.  L'Achoura a selon le conférencier perdu beaucoup de sa valeur en ces temps où les fondements de la communauté musulmane sont ébranlés. Sur un ton critique, le professeur dira que nous sommes une société du ressentiment et nous avons peur de tout ce qui vient d'autres traditions». C'est la même logique qui nous pousserait à  refuser la démocratie, tout ce qui vient d'autres espaces. Il pointera du doigt les multiples aspects de la fragilité de la Oumma qui selon lui «ne fait que consommer sans rien produire». «Un concept comme ceux de la chouraâ ou du Califat expliquera-t-il sont ainsi galvaudés car derrière rien ne se profile en terme de programme précis et global». Les conséquences risquent d'êtres fatales comme cela se passe en Irak et au Soudan menacé de partition. Le conférencier a longuement évoqué la manière dont l'Achoura est célébrée par les chiites. Il déplorera à  ce propos qu'on vénère un homme dont on utilise la mémoire à  des fins d'opposition contre d'autres musulmans. Il appellera dans cet esprit à  privilégier les valeurs de tolérance et de pardon dont est porteur l'islam et à  une relecture du patrimoine arabo-musulman. «Aujourd'hui, dira-t-il l'Oumma s'est considérablement affaiblie et a besoin de moins de violence pour se construire». Les chiites ont tort de réduire cette fête à  une exacerbation du sentiment de vengeance contre ceux qui ont assassiné le petit-fils du prophôte qui est vénéré par les Sunnites. Hassen, fils de Ali Ibn Abi Talib n'a-t-il pas renoncé au pouvoir ' Autrement dit, une telle conception a pour effet d'alimenter les fractures confessionnelles dans le monde de l'islam. L'Achoura doit retrouver sa vocation originelle et cesser d'être l'otage des calculs politiques. «Elle doit àªtre selon le professeur Abdenbi un jour d'introspection, l'expression de l'attachement à  l'islam qui reconnaît les traditions religieuses que le Coran n'a fait que compléter et parfaire».


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