Intitulée, «Karim Tahar, l'artiste double» et animée par le docteur Ounnoughene, également auteur de plusieurs ouvrages sur la musique, la conférence a été l'occasion pour le public de revoir l'artiste, âgé actuellement de 92 ans. La conférence organisée à la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou aura ainsi exhumé l'épatante oeuvre de Karim Tahar avec à l'appui une illustration via une iconographie et des extraits musicaux du maestro. Khali Tahar alias Karim Tahar représente une des mémoires vivantes de la chanson algérienne. Armé précocement de la ferme volonté de s'inscrire dans un courant novateur et moderniste, il rompt avec la démarche folkloriste prônée à son époque. Il adopte ainsi la fusion musicale en empruntant avec une singulière aisance des rythmes comme la rumba ou le boléro qu'il injecte dans ses chansons, comme en témoigne «itij madicreq» qui a été composée en 1947. Aussi, le docteur Ounnoughene, qui a réussi à convaincre Karim Tahar d'agrémenter par sa précieuse présence la conférence, affirme que l'artiste «puise également dans les pulsations du mérengué (danse à deux temps, proche de la samba) qu'il inscrit dans sa barcarolle Je chante pour toi». Il adapte, ajoute-t-il, le flamenco avec le surdoué José de Suza à la guitare et aborde la valse dans son opus Yestrou ouin isaânara yemas. L'artiste précurseur de la chanson moderne kabyle a aussi collaboré avec l'excellent violoniste Amari Maâmar et le célèbre qanoundji Kakino De Paz. Analysant l'oeuvre de l'artiste du point de vue de l'orchestration et de l'organologie, le docteur Ounnouighene ajoute que «Karim Tahar accorde des instruments inhabituels et peu usités à son époque dans la chanson algérienne; on peut apprécier des riffs orchestrés par la section cuivre: saxophone, trombone et trompettes bouchées, outre le bandonéon argentin (sorte d'accordéon) qui a idem été introduit dans sa formation musicale. Toujours, selon le docteur Ounnoughène, qui est, pour rappel, neurochirurgien de formation et musicien et ancien producteur et animateur d'émissions radiophoniques sur les musiques du monde, Karim Tahar a connu et collaboré avec l'illustre Iguerbouchène. «Les deux artistes se voyaient à la radio, sise à la rue Berthezène». Karim Tahar a également rencontré Hamada Abdelouahab, directeur de la deuxième chaîne égyptienne. Quelques-unes de ses chansons ont d'ailleurs été orchestrées sous son oreille attentive avec la baguette du maestro Mohamed Abdelouaheb, outre le grand chef d'orchestre français, Pierre Devevey qui apposera sa bonne patte dans un opus de notre virtuose. «Karim Tahar, à l'image de Sugar Ray Robinson, est pourvu de cette formidable faculté de porter la double casquette qui en a fait, un artiste et un boxeur à la fois. Il fera une belle carrière de boxeur grâce à son tempérament de feu, sa «gauche foudroyante» qui lui a valu plusieurs victoires. Karim Tahar se liera, d'ailleurs, d'amitié avec le célèbre boxeur Mohamed Ali. Karim Tahar a aussi été arbitre de boxe avec plusieurs combats à son actif dont le plus prestigieux est sans conteste celui de la finale qui avait opposé en 1974 à La Havane, les Etats-Unis et la Russie. Un riche débat a enfin suivi la conférence avec de nombreux témoignages, hommages et anecdotes racontés par des universitaires, chanteurs, musiciens et mélomanes et aussi sportifs qui ont pris la parole.Le docteur Ounnoughene a, quant à lui, fait savoir que «cela fait près de dix ans qu'il côtoie, rencontre et s'entretient avec Karim Tahar pour les besoins de cette communication».Un laborieux travail de terrain que le public veut voir dans un beau livre où seront retracés le parcours extraordinaire et la démarche musicale avant-gardiste de l'enfant prodige d'el Flay. Et, ce même public n'a pas manqué de le recommander vivement au docteur Ounnoughene
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Posté Le : 09/06/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel BOUDJADI
Source : www.lexpressiondz.com