Algérie

Conférence de presse du SG du RND : Ouyahia sait qu'il dérange



Tout en soulignant qu'il «sait» qu'il dérange, le secrétaire général du Rassemblement national démocratique a affirmé qu'il n'a de problème ni avec les contestataires de sa gestion ni au regard des résultats de son parti aux dernières élections, encore moins avec le FLN.
Ahmed Ouyahia a fait, hier, dans un optimisme sans égal en répondant aux nombreuses questions qui lui ont été posées dans la conférence de presse qu'il a animée au siège de son parti. Il a réfuté en premier le fait qu'il serait resté silencieux au lendemain des élections législatives du 10 mai dernier. Il rappelle alors que des responsables de son parti ont commenté les résultats dès leur annonce. Il estime ainsi qu'«on a atteint notre objectif premier qui est politique, c'est un succès général des idées et des principes pour lesquels nous luttons, à savoir ceux du courant nationaliste (…). C'est pour nous l'essentiel». Il pense que le 10 mai dernier a été «une occasion pour montrer à l'opinion nationale et internationale que les réformes sont concrètes, les élections ont été transparentes en plus de la consécration de la promotion de la femme». Avec 68 sièges, le RND s'en est sorti, selon lui, avec un résultat positif. «Nous sommes le 2ème parti qui n'a pas reculé sur la scène nationale», a-t-il dit. Et la différence du nombre de sièges entre le FLN et son parti n'est, selon lui, que «numérique et se passe de commentaires». Mais, interroge-t-il, «y a-t-il quelqu'un entre le FLN et notre parti ' Avec le FLN, on parle entre nous de cousins parce qu'on n'a pas fait un parti pour en rajouter un autre ou juste pour prendre le pouvoir ; entre nous et le FLN, il n'y a pas une énorme différence idéologique, nous sommes alliés pour défendre le programme du président. Bien sûr, on aurait aimé qu'il y ait une différence de 50 ou moins de sièges mais les résultats sont là». A propos de l'Alliance présidentielle que le RND constitue avec le FLN, Ouyahia note que «ce ne sont pas les résultats d'une élection qui déterminent notre position, nous continuerons de soutenir le président de la République, son programme et tenons à accompagner les réformes». Querelles entre le FLN et le RND à propos des élections de 2014 ' «Je n'ai aucun problème avec mon ami et collègue, Abdelaziz Belkhadem. Si je suis candidat en 2014, c'est une compétition qui est non programmée», a-t-il lâché. Il ajoute que «les élections sont des affaires d'hommes et de destin, pour l'instant, je dois me concentrer sur les locales en espérant que mon parti fera un résultat meilleur que celui des législatives».
A propos des accusations de fraude par les autres partis, Ouyahia dira que «depuis que j'ai connu l'urne, j'ai toujours entendu parler de fraude, on ne sait pas perdre en Algérie». Et si la loi donne le droit à tous les partis d'avoir des représentants dans l'ensemble des bureaux de vote et que certains n'en avaient pas, «à qui la faute '», interroge-t-il en rappelant «la présence des membres de la commission des magistrats, de la commission politique, des observateurs internationaux pour un vote dans une urne transparente». Il admet qu'il se peut qu' «il y ait eu des insuffisances mais pas au point de changer la donne du scrutin».
LE SG DU RND APPELLE SES CONTESTATAIRES A LA SAGESSE
Ouyahia précisera que «nous avons donné nos sièges à de nouveaux membres du parti, sur les 68 députés que nous avons, 27 ont 40 ans et moins, nous avons 60 universitaires dont 6 masters et 10 doctorats, on le dit même si on ne considère par que le Parlement est une académie». Son seul bémol est que «il y a eu émiettement des voix à cause de certains de nos militants qui ont travaillé contre le parti, dans 15 wilayas, on n'a eu aucun résultat». La disposition relative au report de voix des partis qui en ont eu seulement 5% ne doit pas être abrogée selon lui sinon, a-t-il dit, «nous n'aurions pas eu un parlement mais un kilt écossais». Ouyahia revient sur les conclusions du conseil national de son parti qui s'est tenu jeudi et vendredi à Zéralda pour faire savoir que «nous avons décidé de renforcer les directions de certaines wilayas, nous avons décidé de mettre en place des commissions locales et une commission nationale pour la préparation des élections locales».
Il reconnaît cependant que «le CN a connu une atmosphère quelque peu particulière» en référence au mouvement de contestation qui a été lancé par certains de ses militants qui lui reprochent l'échec du parti aux élections et sa fermeture aux idées contradictoires. «Tous les membres qui ont voulu assister au CN ont pu le faire et tous ceux qui ont voulu parler l'ont fait», se défend-il. Il indiquera que l'exclusion n'a touché que «ceux qui se sont présentés aux élections sous la bannière d'autres partis». A ceux qui lui reprochent de «mal gérer le parti», il répond : «J'ai présidé 33 réunions locales mais on ne me l'a pas dit». L'échec aux élections ' «On l'évalue !», répond-il. Un congrès extraordinaire ' «Nous ne sommes pas un club culturel, nous avons des textes qui disent qu'il peut se tenir à la demande du SG ou des deux tiers des membres du CN», explique-t-il. En plus, fait-il remarquer, «on doit se préparer pour les locales et pour la révision de la Constitution, il ne nous restera après que 6 mois pour tenir notre congrès ordinaire».
Les raisons de la contestation au sein de son parti ' «Si on la lie à quelque chose de concret, c'est leur absence sur les listes électorales et s'il y a autre chose, on laisse le temps au temps», répondra-t-il simplement. Il soutiendra cependant qu' «on laisse la porte ouverte du parti aux contestataires parce qu'on a besoin de nos cadres et d'unifier nos rangs en prévision des locales». Il continue sur sa lancée pour souligner qu'il lui a toujours été reproché de faire la sale besogne. «Je sais qu'Ouyahia dérange et s'ils veulent que je ne sois plus SG du parti, ce sont les membres du CN et du BN qui doivent le demander conformément aux statuts», a-t-il expliqué. Il estime que «ceux qui ont fait mal au parti, ce ne sont pas les contestataires mais ceux qui se sont portés candidats dans d'autres partis, ce sont 14 membres qui l'ont fait, il paraît que le Parlement paie bien». La contestation va-t-elle enfler ' «Combien sont les contestataires au sein du CN '», interroge-t-il, alors pour répondre : «J'ai 5 membres qui le sont et si la fronde s'élargit, c'est le parti qui va en être victime en prévision des locales, ce qui invite à la sagesse».
OUYAHIA VEUT REVISER L'IMMUNITE DU DEPUTE
Interrogé sur la démission de son gouvernement, il dira que «la Constitution est claire (…), c'est le président qui décide de nommer le 1er ministre et le gouvernement, pour l'instant, le gouvernement travaille et tous les secteurs continuent leurs activités. C'est vrai que ça fait de l'attente mais c'est le président de la République qui décide». Mais, a-t-il ajouté, «pour ma part, celui qui pense que le 1er ministère est un paradis, l'enfer de Matignon (un ouvrage ndlr), s'applique à tous les 1er ministères à travers le monde». Le choix du 1er ministre pose-t-il une question d'équilibre régional ' «Je suis un amoureux du football, 80% de l'équipe que je soutiens viennent du CRB, l'essentiel est que la république fonctionne, de savoir tirer un grand bénéfice de ce que le peuple vient de donner au pays, une APN fortement assise en terme de légitimité et d'accélérer les réformes». Il estime que «nous avons la chance d'avoir un tiroir-caisse qui nous met à l'abri du besoin et des institutions élues qui nous assurent la continuité du courant nationaliste».
A propos de l'importance des salaires des députés, Ouyahia fera savoir qu'il existe deux instances habilitées à les revoir, «l'Assemblée et l'Exécutif, mais encore faut-il pouvoir le faire parce que c'est une loi». Il rappelle que le RND a fait savoir qu'il voulait réduire le champ de l'immunité du député et faire une lecture plus précisée de l'article qui la définit. «La législation a fait confiance à la chambre mais ça n'a pas marché, nous voulions sa levée pour ce qui est de l'acte politique pour le sanctionner au sein des partis pour cause d'absentéisme et voulons qu'une partie du salaire du député soit une indemnité de présence qui se décape à chaque absence», explique-t-il. Les députés sont-ils faits juste pour lever la main ' «Bien sûr quand vous êtes majoritaires, ça se fait dans tous les pays du monde», a-t-il répondu. Ce qui est sûr aussi chez lui, «c'est que le RND ne boycottera jamais l'APN même s'il a eu 20 sièges seulement». Pour ceux des partis qui ont déclaré le faire, Ouyahia dira «attendons pour voir».




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