Tout autant que le sont les relations algéro-françaises, c'est un point
de presse chargé de passions qui a été animé conjointement hier à Marseille par
le président du CNES et celui du CESE français.
Mis à part la présence d'une journaliste stagiaire, la conférence de
presse de la session conjointe de concertation entre le CNES et le CESE a été
superbement ignorée par la presse française et locale. Pourtant, elle était
chargée d'une grande passion notamment du côté français. En effet, à une
question sur tout ce qui fâche les Français à savoir la repentance,
l'humiliation que du côté algérien et autre respect de la mémoire et de
l'histoire, le président du CESE, Jacques Demargne, répondra «vertement» que «
je ne peux me permettre de transcender la volonté des jeunes Algériens et
Français qui veulent manger, travailler et vivre convenablement, je préférerais
perdre la vie que de vous répondre à cette question. C'est le bonheur des
femmes et des hommes d'aujourd'hui qui m'interpelle.» Si, ajoutera-t-il, «nous
devrions passer par des morceaux lourds de l'histoire, nous le ferons mais pas
en répondant à cette question».
Le président du CNES rappellera sa vision des choses et lancera «il faut
avoir beaucoup de respect pour sa position, je la comprends très bien».
D'autant que «ce partenariat inédit nous a pris des mois de travail». Mais,
affirmera Babes, «en dehors des éléments contextuels, cette construction est un
peu difficile, un peu ardue, doit se faire en toute exigence de conscience». Il
va dans le vif du sujet « assumer cette chose de l'histoire, de la mémoire,
c'est incontournable, nous sommes dans cette posture mentale que nous allons
vers la reconnaissance de la mémoire, c'est pour ça qu'il faut passer par le
fait de l'assumer». Il rappelle «vous avez écrit votre roman national en notant
l'intensité de votre histoire, à travers vos mythes fondateurs, laissez-nous
avoir la liberté d'aller chercher nos mythes fondateurs, pour le moment, ils
sont très douloureux».
Demargne revient à la charge et lâche «si on doit passer notre temps à se
taper le front contre la porte, on s'en sortira pas et si on doit avoir une
repentance, c'est de la vivre parce que les autres sont morts». Tout rappelle
la position du président français qui, lors de sa visite à Alger et aux côtés
du président Bouteflika, avait déclaré à Zeralda avec un sourire en coin que «
je ne suis pas venu m'excuser». Jacques Demargne continue dans sa lancée
«rendre nos contemporains heureux, ce n'est pas en faisant des préalables».
Babes rebondit «l'exigence est double, c'est une hypothèque très lourde, les
non-dits laissés dans une boîte noire, on ne peut se le permettre même si on
doit se taper le front contre la porte, il faut le faire, il faut la défoncer
cette porte ! C'est justement ça, il faut y aller, la relation est tellement
exceptionnelle en grandeur et en tumultes que à interpeller les consciences
universelles, vous vous rappelez la guerre en Algérie...»
Pour conforter ses propos, il recourt aux rappels de situations de
repentance à travers le monde. «Je suis interpellé et si je ne le fais pas,
j'aurais incontestablement manqué à ma responsabilité», déclare-t-il. Il estime
que «il faut porter ce qui est absolument vibratoire parce qu'il faut y aller à
un moment ou à un autre». D'autant qu'il est convaincu que «l'héritage de
fragments de mémoire ulcérés par nos générations futures, parce que nous les
aurions ignorés, je veux aller contre ça !» Demargne reprend de plus belle mais
avec un peu de recul et de sérénité. «Je ne suis pas certain que nos
convictions soient différentes les unes des autres mais ce sont les procédures
qui nous obligent à prendre en main les exigences de l'heure», dira-t-il. Il
dira quand même que «il y a la vérité au fond des coeurs» comme pour laisser
sous-entendre que officiellement, politiquement, en France, il n'est pas permis
de se repentir à haute voix.
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Posté Le : 25/02/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com