Algérie

Conférence de Mohamed Taïbi, sociologue, au forum d'"El Moudjahid"



Conférence de Mohamed Taïbi, sociologue, au forum d'
Les grands sociologues pensent que lorsqu'une société perd les mécanismes de négociation, elle a recours à d'autres facteurs d'intervention. Ainsi, la violence naît à partir de cette rupture.Le sociologue Mohamed Taïbi, qui était, hier, l'invité du forum d'El Moudjahid, a longuement évoqué le phénomène de société qu'est la violence, notamment en milieu sportif. Et l'incident de Tizi Ouzou est encore trop frais dans les mémoires pour ne pas en parler. "La société algérienne, notera-t-il, n'est pas violente par nature, en atteste l'attitude des Algériens qui ont réagi au meurtre du joueur Camerounais en adoptant un profil bas. Une manière qui a prouvé que l'Algérie est un pays de haute dignité. Mais il y a, en contrepartie, une subjectivité qui réagit et pour cela, les institutions du pays sont tombées dans le jeu". Pour le conférencier, le profil des acteurs, ceux qui forment le groupe de violence, qui s'expriment par la violence, font partie ou du moins pour la majorité d'entre eux, "des prisonniers élargis ou encore de ceux qui ont pris une certaine importance dans les institutions sportives, lesquels exercent d'une manière ou d'une autre une forme de violence. Pour l'exemple, je citerai le cas de ce président de club qui parlait comme s'il gérait une société économique et non une institution sportive avec toute l'éthique qui lui est dévolue".Ainsi, pour notre sociologue, le système sportif est l'otage de la violence de sa propre gestion. "Un système dont il dira qu'il est gangrené parce que tout simplement n'étant pas basé sur un socle normatif et juridique strict caractérisé. Un système caractérisé par la décadence des valeurs et l'apparition des leaders d'opinion influents sur une jeunesse qui s'identifie à une vision de la victoire étriquée". Le conférencier n'a pas manqué de montrer également du doigt ces faiseurs d'opinion avec ces titres plus que provocants genre "La bataille d'Omdurman" ou "La brigade de Halilhodzic", des termes, dira-t-il, qui font penser à une expédition. "Bien que certains journalistes, à travers ces titres, pensent remplir leur mission de grossir quelque peu les rangs des supporters, ces derniers le voient comme un appel à la violence et font avec". Il est vrai, explique l'intervenant sur un autre plan, que tout comme le pétrole et l'eau, le sport est un problème géopolitique, mais les élites doivent expliquer au peuple que le sport c'est aussi de la discipline et du respect. "Pourquoi ne pas éduquer ces masses de supporters qui traînent l'emblème national, le portant comme une jupe ou comme un bonnet. On a trop touché à nos symboles, le football nous a détruits et détruit les jeunes au passage. Notre pays a besoin que le système de violence soit démantelé".Comment faire justement ' D'abord, commencer par le respect de l'autorité publique, répond le conférencier, car celle-ci n'est pas négociable, dans aucun pays du monde qui se respecte. "On ne négocie jamais l'autorité publique et le faire c'est créer un consensus, puis la socialisation, viendra alors la violence légitime. Alors que le lien politique est fondé sur le respect, des gens négocient tout et s'adaptent à tout pour que les pouvoirs publics acceptent tout. Mais il arrive que les pouvoirs publics négocient une paix de conjoncture pour éviter des débordements et là, on se retrouve en dehors de l'institutionnel qui consiste à maîtriser les acteurs qui peuvent être violents sans pour autant s'inscrire dans une stratégie de paix sociale et de paix civile qui nécessite l'implication de toutes les institutions de l'Etat et pas seulement l'institution sportive". Pour le sociologue, ces défaillances ont conduit à payer les anachronismes de l'institution sportive.Cet anachronisme, commentera-t-il, s'est traduit par la réaction de certains dirigeants qui, pendant que la société civile était abasourdie par la nouvelle tragique de la mort du jeune Camerounais, se renvoyaient la balle dans le but de préserver des rentes de position.NomAdresse email




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