Algérie

Conférence de Ghaleb Benchikh sur «la science et la spiritualité»: «Les peuples musulmans souffrent d'une triple ignorance»



Animant une conférence au palais de la culture d'Imama de Tlemcen sur «la science et la spiritualité», le physicien, philosophe et islamologue, Ghaleb Benchikh, plaide pour «la refondation de la pensée théologique pour libérer l'esprit de sa prison». Il tranche ainsi en faveur «d'une lecture moderne des textes coraniques» afin de permettre et d'instaurer «un islam de beauté et d'intelligence». Une approche qui se veut presque identique à l'évolution des textes bibliques à travers les siècles. En tant que fervent défenseur de la laïcité et fils de Cheikh Abbas Benchikh Hocine, recteur de la grande mosquée de Paris de 1982 à 1989, il s'attaque beaucoup plus aux formes qu'au fond de la religion musulmane. Les nombreuses interprétations du Saint Coran ont ouvert la voie à diverses tendances mais aussi à l'extrémisme religieux. De ce fait, le conférencier, en bon orateur, n'a pas été explicite sur cette problématique et s'est contenté d'expliquer les «conséquences» sans aborder les «causes» de cet amalgame qui s'est développé autour de l'islam depuis l'avènement des djihadistes et du terrorisme. Il place l'extrémisme religieux au même titre que l'extrémisme de gauche ou de droite, constaté dans l'Hexagone. Il ne fera point référence à l'extrémisme religieux de l'église qui a fait des milliers de morts suite à la confrontation entre catholiques et protestants et sur le rôle de l'église dans la mouvance politique occidentale. Pour Ghaleb Benchikh, «les peuples musulmans souffrent d'intellectualité et d'une triple ignorance : sainte, institutionnalisée et très complexe». Il considère que «les textes coraniques ne sont en aucun cas un registre de la recherche scientifique» en affirmant que «la découverte de l'océanographe français Jean Jacques Cousteau sur le miracle du «Barzakh» n'a aucun lien avec la révélation». De ce fait, il se contredit après avoir prôné et défendu «un islam d'intelligence et que la foi islamique est en quête d'intelligence». Il se contredit ainsi et contredit les nombreux savants et érudits qui, par leur lecture et interprétation scientifique des textes coraniques, ont permis de mettre à jour «les lumières scientifiques» contenues dans le Coran, tout en les situant dans leur contexte historique et tout en s'appuyant sur le fait «qu'il n'existait aucune technologie à l'ère de la révélation». Nombreux sont parmi l'assistance qui n'arrivaient pas à suivre ou comprendre «les fondements que tente de véhiculer le conférencier», car ils s'attendaient à une approche «entre la science et la spiritualité» comme annoncé dans le thème de la conférence. Ils ont eu droit à une conférence sur la laïcité et un réquisitoire jugé «trop sévère» de nos ulémas. Pour le conférencier, «les peuples doivent sortir de cette religiosité aliénante et crétinisante et choisir la voie d'une spiritualité vivifiante» avant de s'interroger par un «c'est quoi l'islam» ' Selon lui, «l'islam n'a pas décrit le monde, c'est la science qui l'a fait» et «l'humanité est passée par plusieurs processus depuis la théorie de Darwin sur l'évolution de l'être humain aux innombrables théories développées par les savants et autres chercheurs, dont Galilée, Freud, etc. jusqu'à l'avènement de l'internet aujourd'hui». Ceci provoquera la réaction de nombreux chercheurs et islamologues dans la salle qui considèrent «qu'en vérité, c'est Ghaleb Benchikh qui fait une lecture littérale des textes coraniques», ce qui prouve ses «tendances politiques qui sont à la limite de ce qui se disaient du temps du communisme, à savoir que la religion est l'opium des peuples». Toute l'assistance s'est accordée à dire que «l'extrémisme religieux a dénaturé les textes coraniques mais il existe un nombre indéterminé d'ulémas qui prônent un islam de lumière, de tolérance et de coexistence pacifique», avant de conclure que «la spiritualité n'a jamais été une science exacte mais une foi».


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