Algérie

Conférence d’un économiste de la Sorbonne à Tizi-Ouzou



L’Algérie va-t-elle privatiser 10.000 ou 600 entreprises? Tizi-Ouzou a abrité, jeudi dernier, une conférence donnée par un expert international et professeur en économie à la Sorbonne, M. Camille Sari, à l’Institut international de management (INSIM). D’emblée, le conférencier dira qu’»il y a un désaccord entre experts algériens au plus haut niveau de l’Etat sur le nombre d’entreprises à privatiser, certains parlant de 10.000 et d’autres de 600.» Dans sa communication intitulée «Privatisations - Expériences mondiales - Forces et faiblesses de chaque expérience», le professeur explique que ce désaccord réside dans les entreprises à privatiser, car certains ne veulent privatiser que les entreprises alors que d’autres estiment qu’ils doivent dès le départ privatiser les filiales». Selon lui, en Algérie, «toutes les conditions sont réunies pour opérer ce passage dans de bonnes conditions, surtout avec un pétrole appelé à garder cette hausse du prix durant au moins une décennie». Toujours selon l’intervenant, le schéma de l’industrie industrialisante, cher à de Bernis, n’a pas été respecté, et M. Sari d’illustrer son propos en évoquant l’ENIEM qui devait générer de petites activités indépendantes financièrement, ce qui n’a pas été le cas, car, précisera-t-il, «les responsables des années 80 ont eu des hésitations pour libérer ces activités. Il y a eu tout un processus d’autonomisation non suivi financièrement car dépendant toujours des pouvoirs publics». Il met en exergue le schéma suivi par la Hongrie, dans le processus de privatisation. Ce dernier pays a connu, toujours selon l’intervenant, une transition sereine vers l’économie de marché. Cependant, il pense que, dans la voie algérienne, «on a trop suspecté le privé de ne vouloir que se faire de l’argent.» Avant de mettre l’accent sur «l’apport du privé qui est de 245.842 entreprises, face au secteur de l’Etat qui est de 875 entreprises en 2005". Le professeur Sari ajoute que «la privatisation doit commencer par l’évaluation de toutes les activités connexes. Elle doit se traduire en apport de fonds et de capitaux pour éluder la constitution de conglomérats, comme la mafia russe, contrairement au process hongrois où les privatisations se traduisent en apports de capitaux.» L’intervenant conseillera enfin à l’Algérie de ne pas suivre l’expérience russe qui a favorisé une économie déréglementée, ou encore celle de Pologne qui a opéré une thérapie de choc. Il citera, par la suite, comme exemple positif la Chine qui a su faire son passage prudemment en commençant par une ouverture vers l’étranger afin de faciliter l’arrivée de l’industrie étrangère.» Ce jeudi, devant une assistance relativement nombreuse constituée presque uniquement d’opérateurs, le conférencier s’est longuement attardé sur l’expérience russe, «une expérience à éviter», souligne-t-il, et a magnifié la prudence chinoise.


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