L'après-Annapolis, nom de la ville américaine ayant abrité, le 27 novembre, une conférence sur le Proche-Orient, initiée par les Etats-Unis qui veulent redorer leur blason après l'échec de leur politique dans la région, a été au centre d'une conférence donnée par M. Amr Moussa, jeudi soir à l'Institut du Monde arabe (IMA) de Paris, à l'occasion du 20e anniversaire de cette institution. La même question a été soulevée lors d'une conférence qu'il a animée, hier, au Centre d'accueil de la presse étrangère (CAPE) au cours de laquelle les questions des journalistes ont été concentrées également sur la situation au Liban. Ni pessimiste, ni optimiste sur les conclusions de la conférence d'Annapolis, portant notamment sur un accord entre Palestiniens et Israéliens, pour conclure un traité de paix avant fin 2008, M. Amr Moussa a estimé qu'il faut «attendre de voir ce qui va se passer au cours des deux ou trois prochains mois», à l'occasion de la «conférence de Moscou», prévue pour février ou mars prochains. «L'optimisme est un mot fort et le pessimisme est un mot qui pourrait mener à fermer les portes de l'espoir. Moi, je m'écarte des deux sentiments en accordant à cette initiative sa chance», a déclaré le secrétaire général de la Ligue arabe à la presse. Il a ajouté que la participation des pays arabes à ce sommet était, justement, pour «donner une chance» à cette conférence tout en observant une position prudente connaissant la difficulté de la tâche et les intentions des Américains et des Israéliens. «Le progrès sur cette question est nécessaire» mais «il faut (pour se faire) que les Etats-Unis adoptent la position d'un intermédiaire intègre», ce qui n'est, malheureusement, pas le cas. La partialité de l'administration Bush dans ce conflit au profit des Israéliens est, en effet, à craindre dans le déroulement du processus de négociations. Cette appréhension a été soulignée par M. Moussa qui a indiqué qu'avant d'aller à Annapolis, les pays arabes «ont présenté (leur) vision fondée sur la mise en place d'un calendrier (cadrant les négociations), sur un suivi de la mise en oeuvre des conclusions, sur l'arrêt de l'expansion des colonies israéliennes et du mur». «Ce sont des conditions sine qua non pour lancer le processus de négociations», a-t-il dit, ajoutant, au passage, que ce processus «ne part pas de zéro» car «il existe des options qu'il faut mettre sur la table. Mais il s'agit d'une volonté politique». Pour le secrétaire général de la Ligue arabe, qui a insisté sur le fait qu'«il n'y aura pas de normalisation gratuite avec Israël», la région est «à la croisée des chemins, entre un processus de paix clair, juste, durable, déterminé dans un délai» et «la poursuite des politiques de sabotage avec tout ce qu'elles portent en elles de dangereux pour toute la région». Son mandat expirant en janvier 2009, le président américain aspire visiblement à redorer son blason après l'échec de sa politique dans cette région. L'autre exemple édifiant de ce fiasco est, bien entendu, la situation en Irak qui s'enlise chaque jour davantage. M. Moussa a défendu l'initiative de la Ligue arabe sur ce sujet. Il a relevé que la solution doit «être globale» et la «citoyenneté doit en être le fondement même». «L'Irak a besoin d'une réconciliation nationale» et «toute tentative de casser cette identité arabe (en Irak) mènerait à une situation plus dangereuse». Son point de vue sur le projet de l'Union méditerranéenne (UM), cher au Président français Nicolas Sarkozy est clair: «Sur le plan du principe, l'initiative est bonne, mais ses contours ne sont pas encore précisés» et en plus «on ne peut pas imaginer une union ou toute autre structure méditerranéenne sans la résolution du conflit israélo-palestinien». Au CAPE, M. Moussa a affiché son optimisme quand à une issue favorable à la crise libanaise, estimant que «le Liban a fait un pas en avant pour se mettre d'accord sur un nom, celui du candidat à la présidentielle». Le Liban est sans président depuis le 24 novembre, après le départ de M. Emile Lahoud. La séance du parlement libanais qui devait se tenir, hier, pour procéder à un amendement constitutionnel, afin de permettre très prochainement l'élection du chef de l'armée, le général Sleimane (le candidat désigné) à la présidence libanaise, a été reportée. Pour le secrétaire général de la Ligue arabe, cela était «prévisible», l'accord sur cet amendement «n'étant pas mûr». Le programme nucléaire irakien n'a pas échappé à ce débat au cours duquel, M. Amr Moussa a réitéré la position de la Ligue arabe: «non à la politique de deux poids, deux mesures», allusion au programme nucléaire israélien mené sans être inquiété. Le Proche et Moyen-Orient «n'ont pas besoin de programme nucléaire militaire et cela doit s'appliquer pour tous les pays de la région». La région «a besoin, par contre, d'énergie nucléaire à des fins civiles. C'est un droit accordé à tous les pays signataires du Traité de non-Prolifération nucléaire, y compris l'Iran», a-t-il insisté.
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Posté Le : 08/12/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : L'un de nos correspondants à Paris : M Amina
Source : www.lequotidien-oran.com