Pendant que Chakib Khelil, ex-ministre de l'Energie et des Mines, anime une conférence «clandestine» sur les énergies renouvelables au niveau de l'hôtel Cristal 2, à Béjaïa, des jeunes activistes se sont rassemblés devant l'entrée de l'infrastructure hôtelière.Empêchés d'entrer dans la salle, les jeunes militants, dont des animateurs du comité pour la libération de Merzoug Touati, se sont contentés, sans heurt ni escarmouche, de déployer une banderole sur laquelle on pouvait lire : «Chakib en liberté, Merzoug en prison». Sur une autre pancarte, il est écrit : «Tamurt taqvaylit tugi-k a Chakib» (la Kabylie ne veut pas de toi Chakib).
«On voulait demander à l'ancien ministre où sont réellement passés les 1000 milliards de dollars !» ironisent-ils. La veille, lorsque la nouvelle de la visite de l'ex-ministre de l'Energie s'est précisée, elle a suscité un tollé chez les internautes, parce que, rappelons-le, Chakib Khelil avait fait l'objet d'un mandat d'arrêt international en août 2013, car étant cité dans des affaires de corruption impliquant la compagnie pétrolière nationale Sonatrach et dans le scandale planétaire des Panama Papers. Depuis, il est devenu persona non grata aux yeux de la population qui n'a pas manqué de l'exprimer.
La vague d'indignation qu'a suscitée son passage à Béjaïa n'a pas dépassé le cadre des réseaux sociaux, contrairement à celle qui a été exprimée au village Seddouk, lorsque le même invité s'est rendu, en 2016, dans le cadre d'une visite spirituelle, dans le village de cheikh Ahaddad (guide spirituel de la confrérie Rahmania et de la résistance populaire de 1871) et auparavant dans la localité d'Azazga (Tizi Ouzou).
Après l'éclatement de l'affaire Sonatrach et que la justice ait prononcé un «non-lieu» au profit de cet homme politique proche du clan présidentiel, Chakib Khelil tente de revenir désespérément sur la scène publique. Son modus operandi repose sur l'organisation d'une série de visites spirituelles dans les zaouïas et de cycles de conférences sur le domaine qu'il affectionne, l'énergie, et en s'appuyant sur les relais locaux. Dans sa valise, Khelil est venu avec sa «recette» de sortie de crise qu'il a détaillée devant une assistance triée sur le volet et minutieusement sélectionnée par ceux qui lui ont déroulé le tapis rouge à Béjaïa, à savoir «la société civile» représentée par Salah Derradji, un ancien sénateur d'obédience FLN qui a même été chargé d'une partie de la logistique.
Ce dernier s'est démené pour trouver un autre lieu de conférence après l'indisponibilité de la salle du TRB, qui a abrité le même jour (samedi) le retour du spectacle artistique Muses exilées. Dans le même comité d'accueil, figurent également l'Association des sages de Béjaïa, à sa tête Djamel Bouchaâra, et l'Association des industriels de la wilaya de Béjaïa ainsi que des travailleurs des différentes filiales de Sonatrach. En gros, l'ex-ministre a développé les grandes lignes de ce qui s'apparente à un programme socioéconomique qui «garantira une meilleure protection aux couches défavorisées» et aidera le pays à s'affranchir de sa «dépendance aux recettes de pétrole».
Seulement, ce qu'il appelle «une feuille de route de sortie de crise» ne peut se concrétiser à ses yeux sans «une volonté politique et un consensus national». Evoquant le blocage des projets de Cevital, l'invité de «la société civile» dira que «nul n'a le droit de bloquer les investissements dans le pays», assurant qu'il défendra tous les investisseurs. Cette déclaration intervient à quelques heures de la marche populaire du 11 décembre contre le blocage de Cevital.
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Posté Le : 10/12/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nouredine Douici
Source : www.elwatan.com