80 détenus en grève de la faim à Serkadji Contestant les retards enregistrés pour l?enrôlement de leurs procès liés à des affaires relevant de la criminelle, pas moins de quatre-vingts détenus observent depuis samedi dernier une grève de la faim à la prison de Serkadji, à Alger, a-t-on appris hier auprès des avocats. Arrêtés au cours des opérations antiterroristes à la périphérie de la capitale, ces prévenus - puisqu?ils attendent toujours leur procès - contestent les retards et la lenteur des procédures de jugement. Si la grève est reconnue officiellement, le nombre de grévistes, quant à lui, fait l?objet de controverse entre les autorités et les avocats. Quant au nombre exact des protestataires, les avis sont partagés entre le ministère de la Justice et les avocats. Selon un responsable de la direction générale des pénitenciers et de la rééducation, rattachée au ministère de la Justice, ayant requis l?anonymat, « il n?y a que onze prisonniers qui ont observé cette grève ». Une manière de démentir les déclarations des avocats. La même source ajoute que « six parmi eux ont (depuis hier) renoncé à la grève ». Selon ce responsable, « le but recherché par ces grévistes n?est que celui de susciter un tabac médiatique en se faisant passer pour des victimes ». « Ils ne sont pas à leur première tentative, car ils l?avaient déjà essayée auparavant, sauf que ça n?a pas marché. C?est un groupe en agitation permanente qui nous pose d?énormes problèmes », est-il souligné. D?après la même source, les procès de ces prévenus sont programmés durant le mois de septembre prochain. Notons que le procureur général près la cour d?Alger, Kaddour Deradji, ainsi que d?autres magistrats ont rendu visite aux détenus, mardi 3 août. Ils les ont assurés de prendre en charge leurs revendications. Tout cela est contesté par les avocats. Amine Sidhoume, avocat et militant des droits de l?homme, a souligné hier que « le préavis de grève a été déposé au niveau de la direction de la prison, le jeudi 29 juillet. La grève a été déclenchée samedi et suivie par quatre-vingts détenus ». L?avocat relève également le « transfert d?au moins une trentaine d?entre eux vers d?autres prisons, notamment à El Harrach, Batna, Berrouaghia et Tizi Ouzou ». « J?étais étonné hier (mardi, ndlr) de constater en rendant visite à certains de mes mandants qu?ils ont été transférés vers d?autres prisons pour on ne sait quelle raison. Une telle procédure est illégale d?autant plus qu?ils ne sont jusque-là que des présumés qui attendent d?être jugés », a-t-il indiqué précisant que « les dossiers, du moins pour la majorité, ne sont qu?au stade d?instruction, et ce, après au minimum 32 mois de détention provisoire ». Pour lui, « à partir de là, les retards ne sont plus acceptables, car leur jugement a trop tardé ». Ainsi, il a estimé que cette grève est « légitime ». Si la direction générale des pénitenciers les a qualifiés de terroristes, Me Sidhoume a réfuté ce « qualificatif » qui n?a aucun fondement du point du vue de la loi, car, précisera-t-il, « toute personne accusée est innocente jusqu?à preuve du contraire ». « Il y a le principe de la présomption d?innocence duquel il faut tenir compte », a-t-il soutenu. A noter enfin que la prison de Serkadji, la plus ancienne d?Algérie, a connu par le passé plusieurs mutineries, dont la plus célèbre est celle du printemps 2002. Depuis, les autorités avaient promis de fermer d?une manière définitive cette prison qui ne répond plus aux normes universelles d?incarcération.
Posté Le : 05/08/2004
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mokrane Ait Ouarabi
Source : www.elwatan.com