L'un des griefs faits à l'entreprise gestionnaire du marché de gros d'El-Kerma, le non-investissement. Mis à part le marché à bestiaux, un projet mort-né d'espace de vente de véhicules usagés et quelques bricoles, aucune nouvelle activité dans le business-plan de cette EPIC. Il y a cependant une vraie prise de conscience et, surtout, une volonté de changement depuis la récente passation de consignes à la direction de l'entreprise.Le cash-flow de l'entreprise, ensemble des flux de liquidités générés par ses activités, composé presque à 100% de ses recettes au titre de la perception de la taxe d'entrée, la location de son patrimoine (hangars réservés aux mandataires, chambres froides et autres locaux commerciaux) et la concession du marché à bestiaux, est très peu investi, voire non investi. Dès lors que les charges de fonctionnement, masse salariale comprise, sont amplement et régulièrement assurées par le chiffre d'affaires de l'EPIC, et qu'un bon bénéfice est mis de côté, l'on ne voit pas pourquoi aller investir. Evidemment, pas besoin d'être économe pour comprendre que c'est là une erreur. A vrai dire, tous les professionnels et ceux qui connaissent les arcanes du marché s'accordent sur le fait que l'ex-directeur de l'entreprise gestionnaire avait beaucoup d'idées, trop même, pour le développement des activités du marché durant la deuxième étape du processus de création. Mais tout ou presque est resté au stade du v'u pieux. Des grosses annonces faites en son temps, en fanfare le plus souvent, de nouveaux services et autres dispositifs innovants, allant des halles à poissons et les pavillons à 'ufs à un pont logistique d'exportation Oran/Europe pour les produits agricoles labellisés «El-Kerma» en passant par le centre d'affaires international projeté dans l'enceinte du marché, aucune n'a vu le jour. Il est vrai que l'inertie et l'immobilisme, parfois même la résistance aux initiatives, opposés par le conseil d'administration de cette EPIC de wilaya, tuent dans l''uf de tels projets d'investissement. L'actuel directeur de l'entreprise semble, quant à lui, avoir trouvé les bons arguments et le bon plaidoyer pour convaincre le conseil d'administration à marcher avec lui dans son plan de développement et d'investissement. Fort déjà de l'aval de l'assemblée pour la mise en service de nouveaux espaces de vente, il vient d'avoir également le O.K. pour le lancement d'un projet d'une station de nettoyage, calibrage et conditionnement de légumes. L'étude du projet est déjà ficelée. Pour un coût prévisionnel de 300 millions de DA, cette unité devra être réalisée par un investisseur privé.On sait que les fonctions d'expédition de marchandises vers le marché de gros, assumées par les producteurs agricoles eux-mêmes, des maraîchers ou des mandataires et leurs démarcheurs, et ce à défaut de coopératives et d'entreprises le plus souvent à capitaux familiaux comme cela se fait ailleurs, constituent le point de passage obligé entre la production et la distribution en gros et au détail. Le maillon d'expédition étant donc quasiment anarchique, l'acheminement des produits ne se fait pas dans les meilleures conditions pour assurer une qualité et une fraîcheur optimales. Résultat : les fruits et notamment les légumes arrivent au marché de gros d'El-Kerma et sont exposés, tels qu'ils qui se récoltent dans les terres, aux 214 box de mandataires qui s'y trouvent. Le travail dit «en station» censé se faire sur place après la récolte étant inexistant, c'est le marché de gros lui-même qui se propose de s'en charger à travers l'unité projetée spécialisée dans le nettoyage, calibrage et conditionnement. Ainsi, avant l'expédition proprement dite, à savoir le transport vers les marchés de détail ou vers la consommation directe (restaurants, traiteurs, salles de fêtes, établissements publics…), les fruits et légumes passeront via cette station par plusieurs étapes : réception des marchandises, tri, nettoyage, calibrage, stockage, conditionnement, étiquetage et, bien sûr, suivi commercial.Un petit pas avant l'exportation'En termes plus simples, explique-t-on, certains légumes, comme les pommes de terre, les carottes, les oignons, les endives, les betteraves, seront traitées dans cette station avant d'aller vers le marché de détail. En particulier, la pomme de terre sera nettoyée de la terre qui s'y colle avant d'être vendue aux détaillants. Autrement dit, la pomme de terre sera vendue nettoyée et au poids réel au consommateur, explique-t-on encore. Il s'agit donc de faire passer certaines espèces de légumes par une chaîne de traitement, pour les laver, les trier et les secouer afin d'en détacher la gangue ou la terre et aussi de les calibrer. Sur un autre plan, celui de (l'option de) l'exportation vers l'Europe, notamment la France et l'Espagne, à partir de ce marché de gros, cette station vient ainsi répondre à un souhait, plutôt une exigence, exprimée par des opérateurs étrangers qui ont visité les lieux il y a quelque temps, individuellement ou par le canal de la chambre de commerce et d'industrie et ont pris des contacts avec l'entreprise gestionnaire du marché de gros d'El-Kerma pour baliser le terrain et poser les premiers jalons d'un partenariat commercial. Des opérateurs dans l'import-export de produits agricoles frais basés à Valence (Espagne), Montpellier et Paris (France) ont en effet effectué des visites de prospection au marché de gros d'El-Kerma et ont pris contact avec sa direction, auprès de laquelle ils ont exprimé leur vif intérêt pour l'exportation vers leurs pays de tous les produits agricoles algériens, dont la qualité «bio» est très convoitée sur le marché international, selon leur témoignage, en raison notamment de «la virginité» de la terre algérienne et la trop faible utilisation, voire l'inutilisation, des composants chimiques et autres fertilisants artificiels dans le processus de production.Parmi les opérateurs étrangers qui se sont particulièrement intéressés aux produits mis en vente dans les halles centrales d'El-Kerma, un grand distributeur activant dans le marché international de Rungis, considéré comme le plus grand marché de produits frais au monde. Les chances de voir un jour les produits agricoles de l'Oranie atterrir dans les pavillons de Rungis étaient tributaires d'un ensemble de mesures et démarches, dont la mise en place de cette station de nettoyage, calibrage et conditionnement.
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Posté Le : 09/08/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Houari Saaïdia
Source : www.lequotidien-oran.com