Algérie

Condition



Quand les poules auront des dents, je deviendrai une femme émancipée, libérée complètement, entièrement, majestueusement de toutes les injustices sociales que je porte sur le dos. Des siècles que cela dure et que ça ne finit pas ! A la longue, ça fatigue beaucoup et ça vous rend invivable. Avant la puberté, je suis encore à l'état d'enfant qu'on peut tolérer dans les rues et les endroits publics, et même en tenue d'Eve, cela ne choque personne. Mais voilà, à peine commencent les petites poires à poindre innocemment leurs têtes, que le monde est bouleversé, la vie est mise sens dessus, dessous et les rancoeurs vous atteignent de plein fouet. Finies les escapades en groupes mixtes, finies les sorties avec le papa chéri, dans les cafés, finis les jeux d'enfants et les bagarres avec les méchants petits garnements qui vous embêtent bêtement. Il n'y a qu'une petite fille, en phase de devenir adulte, pour comprendre ce que cela fait de voir un père attentif et cajoleur se transformer en un étranger qui ne tolère pas que son petit bout de chou de fille lui saute encore sur les genoux ou mette sa petite tête joufflue sur la poitrine protectrice du paternel, ainsi transformé. « Aïb k'bir ya benti » ! Comme quoi, devenir femme est une affaire sérieuse mais surtout très périlleuse. Et puis, une famille qui veut éviter le pire à l'honneur de la tribu a intérêt à soustraire les charmes naissants de cette demi-femme, aux regards des mâles trop entremetteurs.
Par les temps qui courent, on ne sait jamais. Une «faute» est très vite arrivée et le risque est trop gros à prendre. «Allah settar» ! On touche du bois. «El hassoul oua El fayda», rien ne veut «ezziar» pour s'assurer une paix approximative au tuteur inquiet jusqu'au jour où «El-Maktoub taâha » vienne nous débarrasser de cette lourde «Bnia-bliya» dont Dieu nous a affublés.
Raddi balek ala bentek ya lekhliqa, les prédateurs sont nombreux et « ouled lahlal» sont denrée rare.
Je sais qu'essayer de changer cette mentalité est une utopie, mais un conseil d'amie, «mine djitini nass m'lah», si tu veux que la fille vive aux mieux son temps, libère-la de certaines contraintes. Laisse-la vivre sa vie comme une femme adulte et épanouie. Si tu veux éviter le pire, évite de prêter oreille aux médisances des envieux et investis sur la personnalité de ta fille. Crois-moi, elle est capable de se défendre mieux que tu ne le penses. « Khoudi rayi tarabhi ! »


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