Algérie

Condamnés à l'expulsion par le tribunal administratif de Bir Mourad Raïs en avril 2016.. Les chefs d'établissement retraités interpellent le wali d'Alger



En effet, dans son allocution d'investiture, le nouveau wali avait fermement et courageusement déclaré être décidé à reprendre et régler les dossiers en suspens dans la wilaya d'Alger.C'est la raison pour laquelle les chefs d'établissement retraités, qui se considèrent victimes d'une flagrante injustice, se sont permis, par le biais de notre rédaction, de lui rappeler que l'un des dossiers les plus méprisés et les plus injustement traités est celui qu'on appelle maintenant celui «des indus occupants» des logements d'astreinte situés dans les lycées et collèges d'Alger en particulier, les autres wilayas n'ayant pas été outre mesure concernées par cette mesure. Ils tiennent tout d'abord à préciser que les logements qu'ils occupent n'étaient pas une faveur mais une obligation (astreinte), car ils étaient civilement et juridiquement responsables de l'état des lieux (vols, incendies, inondations, etc.). Preuve en est qu'ils devaient se partager les périodes de vacances scolaires et assurer une permanence contrôlée par des inspecteurs généraux d'administration.
Ceci pour lever l'amalgame entre logement d'astreinte et logement de fonction. Ils précisent n'avoir pas choisi d'habiter l'établissement scolaire qu'ils dirigeaient, mais étaient astreints à y habiter, preuve en est que les plus anciens d'entre eux ne peuvent justifier leur présence dans le logement que par leur arrêté de nomination qui incluait obligatoirement l'occupation du logement avec uniquement une remise des clés.
Ils insistent sur le fait que jusqu'en l'an 2000, le ministère de l'Habitat mettait à la disposition du ministère de l'Education 140 logements destinés à reloger les chefs d'établissements retraités qui devaient libérer les logements d'astreinte au profit de leurs successeurs, ce qui a été fait jusqu'en 2001.
En 2003, les logements qui leur étaient destinés auraient été attribués aux victimes du séisme de Boumerdès, et en 2005, ils avaient commencé à recevoir par voie administrative puis par voie d'huissier des mises en demeure de quitter ces logements sans possibilité de relogement.
Depuis, ils ont vécu comme des pestiférés, subissant souvent les brimades et les humiliations de leurs successeurs sans possibilité de solution car ils se considéraient dans leur bon droit, et surtout que leurs maigres retraites (entre 15 000 et 30 000 DA) ne leur permettaient pas d'acheter ou de louer le plus modeste des logements.
Ils ont vécu des années dans la hantise de l'expulsion, et la chasse aux sorcières s'est déclenchée en avril 2016 quand ils ont été traduits comme des malfaiteurs devant le tribunal administratif de Bir Mourad Raïs par la wilaya d'Alger, le ministère de l'Education nationale s'étant tout simplement déchargé du problème. Verdict : «expulsion pour tous sans exception». «Quelque temps après, on nous a demandé de fournir des dossiers de demande de logement, ce qui fut fait à deux reprises, avec visites domiciliaires de contrôle impromptues et depuis, nous survivons avec cette épée de Damoclès sur la tête en permanence, suivant avec envie ces distributions de milliers de logements dont on a été délibérément exclus», déplore Mme Boumalit, retraitée septuagénaire depuis 20 ans, et qui nous présente un récépissé de dossier datant de 2008. «Monsieur le wali, ne sommes-nous pas Algériens, n'avons-nous pas donné 40 ans de notre vie à ce noble métier qu'on qualifie, à raison, d'ingrat ' Nous avons supporté des établissements de 2 000 élèves, la double vacation, les dangers du terrorisme, et nous avons fait face avec dignité, sans jamais nous plaindre, sans jamais constituer de syndicat, et le mot grève pour nous était juste un mot dans un dictionnaire. Notre seule ambition, notre seule satisfaction étaient le succès des enfants qui nous étaient confiés. Le pire dans tout cela, c'est que les générations que nous avons formées ont enfanté des cadres, mais aucun responsable (APC, Parlement, fonctionnaires) n'a élevé la voix pour faire valoir notre bon droit», ajoute mme Z. Mansour. «Au lieu de s'acharner sur les personnes du 3e âge que nous sommes devenues, n'aurait-on pas pu se rendre compte que la plupart des établissements scolaires d'Alger-Centre fonctionnent actuellement à moins de 50% de leurs capacités (de 2 000 élèves en 1980 à 500 élèves pour certains à ce jour, et de 1 500 à 200 élèves pour d'autres), en raison de la délocalisation des familles en banlieue et ce, en particulier dans la daïra de Sidi M'hamed ' Nous survivons à ce jour avec un grand regret, car ballottés d'un établissement à l'autre durant notre carrière, nous n'avons jamais eu un vrai chez-soi», conclut M. Zbiri, ancien proviseur. Nos interlocuteurs espèrent que cet appel détresse sera pris en considération, car ce sera probablement le dernier, en raison de leur âge avancé et de leurs inévitables problèmes de santé, et surtout, disent-ils, «nous voulons éviter à ces enfants; que nous avons sincèrement protégés, de vivre le désolant spectacle de notre dernier voyage».


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