Condamné à mort pour avoir presque mouru Point Zéro : les autres articles

L'ont-ils fait ' Est-ce vrai ' Un journal affirme que oui, citant des sources policières sérieuses. La dernière trouvaille de la justice algérienne est de punir de deux à trois ans de prison toute tentative ratée d'immolation par le feu. En clair, quelqu'un qui tente de suicider en s'allumant sera arrêté s'il ne meurt pas, présenté à la justice et condamné. En plus clair, le choix offert à un citoyen qui n'en peut plus de son régime est aujourd'hui la mort ou la prison.
La loi ne dit pas encore si le suicidé raté est soigné avant d'être mis en prison, mais cette formidable avancée de l'intelligence revient à condamner le malheur, à poursuivre en justice la malvie. Ou encore, plus absurde, à punir le feu, à juger un bidon d'essence ou condamner à perpétuité une boîte d'allumettes, comme écrit dans un journal de bord retrouvé dans un naufrage en 2025 : «Nous sommes en 2011 et une bande de clowns mafieux dirige toujours le pays.» Connus pour leur paresse, afin d'éviter d'avoir à gérer des actes sociaux par le débat, l'intégration ou simplement par la prise en charge psychologique, les juristes, ces étranges extraterrestres qui décident de décider pour tout le monde, préfèrent tout pénaliser pour se donner moins
de travail.
En quelques années, ils auront donc tout fait : pénaliser le départ en mer, l'acte de gestion économique, le fait de manger pendant le Ramadhan, d'envoyer des SMS, d'embrasser sa copine dans la rue, de s'opposer, de parler, d'écrire, de militer, de se rassembler, d'observer une grève et maintenant de se suicider, ou du moins de rater sa mort. Le message a le mérite d'être précis : quelqu'un qui veut mourir aura tout intérêt à ne pas rater son suicide sous peine d'être conduit en prison de son vivant. La morale de cette nouvelle triste histoire ' Pour échapper à la justice algérienne quand on n'a rien fait, il n'y a qu'un seul moyen : mourir. Vite. Devant témoins.