Concours : C'est graff docteur '

Le graffiti et plus largement le street art (art de rue) s'imposent progressivement dans le paysage algérien. Ces expressions de la culture urbaine jouissent même d'événements officiels.C'était le cas avec un concours national organisé du 9 au 13 décembre à Alger. Les participants, venus de diverses régions du pays, s'en sont donné à c?ur joie sur les murs du garage de l'Etusa situé dans la rue Hassiba Ben Bouali. Venus d'Oran, de Batna, de Béjaïa, de Djelfa ou d'Alger, nos jeunes artistes ont mis des couleurs sur les murs gris de la capitale.
La plupart des réalisations étaient plutôt des fresques murales réalisées selon modèle que du graffiti à proprement parler. La tendance du calligraffiti (mélange de graffiti et de calligraphie arabe) était bien présente. On trouvait aussi des «block letters» célébrant l'amour de la patrie? L'événement, organisé par la ligue d'activités des arts plastiques de la jeunesse d'El Marsa en collaboration avec la direction de la jeunesse et des sports et des loisirs d'Alger et l'Office des jeunes d'Alger, est évidemment bien plus cadré qu'un spot de graffeurs indépendants.
Certains participants, habitués au «free style», étaient d'ailleurs quelque peu mal à l'aise par les limites spatiales mais aussi thématiques. On imagine bien que la subversion n'était pas au menu de cette manifestation très officielle. Quoi qu'il en soit, cette initiative a permis de donner de la visibilité à cet art urbain en suscitant la discussion avec les passants qui commentaient en direct les ?uvres en devenir.
Habituellement, les graffeurs sévissent plus volontiers dans les bâtisses abandonnés et les hangars désaffectés que dans les grandes rues de la capitale. Non loin des lieux de ce concours, on peut encore voir les dessins réalisés lors de l'initiative El Medreb en 2016 dans un garage désaffecté d'El Hamma. Il s'agissait là d'une initiative indépendante qui a tout de même reçu l'aval de l'APC de Belouizdad. Preuve que cet art qui s'apparentait il y a peu à du vandalisme commence à se faire largement accepter.