Algérie

Concert du Maqâm irakien


La voie de la Mésopotamie Six musiciens - en djellaba ou tuniques brodées et seroual - font leur entrée sur scène sous un feu nourri d?applaudissements. Le nombre de spectateurs est réduit, mais l?avantage, c?est qu?il n?y a que des passionnés de belle musique. Et pour cause, le concert attendu est ce qu?il y a de plus fin, de plus raffiné en matière de musique et de chant. L?un des musiciens prononce quelques mots de remerciement et exprime son espoir de voir la fin des hostilités dans son pays et de le voir se rouvrir sur le monde. « Baghdad salue l?Algérie », dit-il, et d?ajouter que l?amitié et la fraternité qui lient les deux peuples ne sont plus à démontrer et de souhaiter un prompt rétablissement à Guerouabi. Sur ce, chaque musicien prend sa place : santour, synthétiseur, flûte, thar et derbouka, qanun (une cithare sur table) et la djôza, du nom de la caisse de résonance en noix de coco. La musique se déclenche en douceur et Farida Mohammad Ali fait son entrée, vêtue d?or et de bleu. Née dans la ville mythique du chiisme, Karbala, elle se lance dans un magnifique chant qui exprime tantôt les raffinements des anciennes cours, tantôt la beauté de Baghdad, l?ancienne terre de la Mésopotamie, l?entre-deux-rives... Autour de sa voix, chaude et généreuse, les musiciens tissent une musique où se mêlent ravissement et délectation spirituelle. Mais aussi, accents douloureux et déploration ; l?essence même du maqâm qui avait développé une technique bien particulière du chant, directement dérivée du sanglot. Aspect qui a quasiment disparu, mais dont subsiste une sensation ou une perception. Le terme maqâm, situation ou endroit, est un mode musical habité par une humeur ou un sentiment particulier. En Irak, il décrit à lui seul le chant qui décline une très large palette d?émotions, à travers ses cinquante-trois modes. Un peu à la façon de la musique andalouse. Et c?est probablement pour cela que face à la chanteuse, ou la récitante, on a cette incroyable impression de bercer dans la fastueuse époque des Abassides, alors que rayonnait à Baghdad « un Islam universel aux confins du monde arabe, turc et persan ». Et c?est avec beaucoup de présence que Farida Mohammad Ali déclame de magnifiques qassidate, dont le centre n?est autre que la cité de Baghdad, sous ses différentes appellations et dans un cri du c?ur, Ô Tigre et Euphrate, sans Baghdad la vie n?a plus de goût. Avant de clôturer la soirée, plus de deux heures de chant, l?Irakienne offre au public une belle reprise de Rabah Driassa, Nedjma qotbia. Cet ensemble, l?une des plus importantes troupes musicales patrimoniales en Irak, a vu le jour en 2002. Son objectif premier : préserver l?esprit de la tradition de ce maqâm et pour ambition de consolider la connaissance de la musique et de la culture irakiennes.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)