Algérie

CONCERT



CONCERT
La soirée a été un grand moment de chaâbi. Malgré l'entrée payante, ce lieu de spectacle était archicomble. Les jeunes formaient la majorité, ce qui fut une agréable surprise pour les observateurs présents. Abderrahmane Kobi est venu à la chanson chaâbi par atavisme d'une famille de mélomanes. Malicieusement, il déclare qu'il est né à Azzeffoun, comme aâzzifoune (les musiciens ). Dans les années 1970, il se fait connaître, propulsé au sommet sous la férule d'Abdelkrim Dali. Malgré le poids des ans, la voix fatiguée et un orchestre tâtonnant, le maestro a réussi à créer grâce à son métier et son habileté une symbiose totale entre les spectateurs et les artistes présents sur l'estrade. Les jeunes ne tiennent plus sur leurs sièges. El Achia finit par les faire descendre dans l'arène pour exécuter des pas de danse frénétiques accompagnés de youyous stridents et d'applaudissements nourris qui font trembler les murs aux couleurs sobres comme pour exprimer leur admiration. Le sommet du délire est atteint lorsque le chantre s'incline devant la mémoire des chouyoukh : «Allah yarham Guerouabi, El-Anka, El-Ankiss, Abdelkrim Dali, Sid- Ahmed serri.» Ce n'est plus un spectacle mais une véritable fête familiale qui nous réconcilie avec la simplicité des années 1970 où la culture était florissante avec le théâtre, la littérature, le Festival panafricain, la cinémathèque avec des films cultes comme ceux de Claude Chabrol ou de Jean-Luc Godard. L'artiste montre son oreille et fait des gestes contrariés comme pour inciter son orchestre à tenir la cadence. Un intervenant balaie du revers de la main l'aspect technique. «Ce qui compte, c'est l'ivresse », assure-t-il. Un autre spectateur intervient : «Je pensais me retrouver avec des vieux. Je suis agréablement surpris de constater la présence de nombreux jeunes. à‡a rappelle ces fêtes simples où le mot chaleur revêtait tout son sens, contrairement à ceux d'aujourd'hui, insipides malgré les frais engagés. Le visage de la capitale commence à changer avec des commerces ouverts et des bus qui circulent jusque tard dans la nuit. Les décideurs de la culture devraient mettre à profit cette embellie pour nous proposer plus de spectacles.»


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