Algérie

Compter les jours qui restent !



C'est d'accord ! Je veux bien continuer à en parler si vous pensez qu'il est indispensable de le faire et que témoigner, quand on le vit dans son corps et dans sa tête, vaut autant sinon plus que toutes les théories et toutes les hypothèses. Tous les pronostics établis, certes, de moins en moins incertains mais qui ne garantissent pas pour autant la fin du cycle infernal.Hier soir, je me suis piquée pour la dernière fois avec une étrange sensation. Celle générée par le fait que j'allais devoir me défendre seule contre un mal dont je ne contrôlais pas les effets et laisser mon corps réapprendre à vivre sans cette lourde protection médicamenteuse. 22 injections, sans compter le reste. La longue liste de médicaments à prendre à des heures précises. Une horloge et un carnet pour noter que les comprimés ont bien été avalés. Tout devient obsessionnel. Surveiller sa température tout au long de la journée, la prendre à plusieurs reprises et surtout, surtout, tout écrire pour tenter de mieux comprendre le fonctionnement complexe d'un corps qui déraille, aux prises avec un mal nouveau, étranger, qu'il ne sait pas apprivoiser. Et ce n'est pas fini. Mon traitement n'est pas terminé. Mais les médicaments diminuent au fur et à mesure que les semaines s'écoulent.
Etrange, ce sentiment de dénuement, cette peur de ne plus être à l'abri. Sérieux malaise qui nous fait ignorer pourquoi les autres ne craignent pas d'en prendre autant. Je ne suis pas rassurée, parce que durant trois semaines le traitement, plutôt lourd, m'a tantôt laissé croire que je m'en sortirai, tantôt reconnectée avec un irrépressible sentiment d'impuissance. La ligne est ténue entre l'euphorie due à un surprenant regain d'énergie et l'impression de traverser les heures en funambule. Avec pour compagne, la crainte qu'en fermant les yeux, vous ne les rouvrirez peut-être plus jamais. Quand on est contraint d'y aller seul, on admet définitivement notre vulnérabilité face à ce que nous ne maîtrisons pas. Il faut dire que les lacunes relevées depuis quelques mois, la pandémie, qui nous fait craindre ou nous interdit le contact extérieur, et ce qu'elle nous réserve, sont encore confuses.
M. B.


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