Algérie

Compte d'apothicaire


Si lors du match qualificatif de l'Algérie pour le Mondial 2010, les autorités algériennes, à leur tête le président Bouteflika, avaient eu l'intelligence et le courage politique de mettre en place un pont aérien pour transporter dans un délai record gracieusement des milliers de supporters des Verts qui avaient grandement contribué à la victoire des Fennecs, cette fois-ci les considérations bassement financières et commerciales semblent bien prendre le pas sur les motivations d'hier.Sinon comment expliquer que l'Etat, qui avait délié sans compter sa bourse pour mettre en place un impressionnant pont aérien à Omdurman, pinaille pour financer des billets à 60 000 DA qui coûteraient au Trésor public sur les 2500 supporters prévus moins cher qu'un cocktail donné à l'occasion d'une cérémonie officielle ! A moins que cela ne soit une manière déguisée de dissuader les supporters de l'équipe nationale de se rendre en Angola pour ne pas prendre de risque de dérapage ou susciter les mêmes commentaires auxquels avait donné lieu la mobilisation pour le match de Khartoum assimilée à une déclaration de guerre. Quand bien même on voudrait dépassionner le débat, appeler à la sérénité et à ce que ce nouveau derby entre deux équipes qui en sont arrivées à cause de dérives extra-sportives à se détester cordialement ne sorte pas de son cadre sportif. Il reste que le syndrome du Caire et des événements qui avaient suivi avec le déchaînement sans précédent des médias, des artistes et de la rue chauffée à blanc contre l'Algérie, son peuple et son histoire, est encore frais dans les mémoires pour convaincre les Algériens que le match d'aujourd'hui est un match ordinaire qui se déroule dans une conjoncture ordinaire. Même si on ne l'avoue pas, cette nouvelle confrontation entre les deux équipes est appréhendée, au Caire comme à Alger, avec le même état d'esprit, aussi bien par les officiels que par les opinions publiques des deux pays.Car l'événement n'intéresse désormais plus que les fans des deux équipes mais a acquis une dimension nationale, politique après ce qui s'est passé au Caire et la campagne outrancière contre l'Algérie qui avait suivi, donnant lieu à une crise politique entre les deux pays qui ne s'est pas encore résorbée. Le rappel de l'ambassadeur d'Egypte à Alger pour consultation par son gouvernement après le match du Caire, lequel n'a pas encore rejoint son poste plus de deux mois après les événements du Caire en est la preuve édifiante que les relations entre les deux pays sont loin d'être au beau fixe. Pour ces raisons objectives, la rencontre d'aujourd'hui est certainement tombée au mauvais moment ou bien au bon moment ' c'est selon ' alors que les plaies ne se sont pas encore cicatrisées pour attendre des 22 joueurs qui fouleront la pelouse du stade de Benguela de jouer le rôle de la réconciliation entre les deux peuples. Ils auraient pu jouer le jeu et s'entendre sur un score politique qui renverrait dos à dos les deux équipes à travers un score nul où il n'y aurait ni vainqueur ni vaincu si les lois implacables du football n'étaient pas ainsi faites à ce stade de la compétition.Affirmer donc que le match d'aujourd'hui n'a aucun enjeu politique, c'est se mentir et se voiler la face. Même les officiels, comme le ministre égyptien des Affaires étrangères, Abou Gheit, qui a appelé son homologue algérien, Mourad Medelci, pour lui exprimer son souhait que cette rencontre soit abordée « avec sagesse », savent que les Egyptiens ont été trop loin dans leur campagne d'invectives contre l'Algérie, n'épargnant même pas nos chouhada, brûlant outrageusement le drapeau national, pour attendre de l'équipe d'Algérie et des supporters qui se déplaceront en Angola de transformer le terrain en champ de roses au nom de la fraternité algéro-égyptienne retrouvée. L'enjeu comme à Khartoum sera le même. Ce sera un match d'honneur qu'il faudra aussi gagner ' sur le terrain bien sûr ', car il s'agira de valider la supériorité des Verts sur l'équipe d'Egypte et de rendre justice, considération et dignité par le football à tout un peuple pour compenser la valse-hésitation et la frilosité de nos dirigeants face à la gestion de la crise née entre les deux pays.
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