Algérie

Comportements malsains



La carte du Moyen-Orient est-elle en train de se redessiner sérieusement ' Un plan en ce sens existe bel et bien à l'initiative d'Israël qui rêve d'un monde arabe totalement éclaté. L'offensive lancée depuis une dizaine de jours par la Turquie en Syrie interpelle la communauté internationale et principalement les dirigeants arabes.Le but affiché par Ankara dans son offensive contre l'enclave kurde d'Afrine est l'élimination totale de l'YPG (Unité de protection du peuple), une organisation kurde syrienne qui s'est alliée aux Etats-Unis pour combattre Daech. Les Turcs considèrent l'YPG comme une organisation «terroriste» et utilisent ce prétexte pour envahir la Syrie, un Etat aujourd'hui indépendant uniquement sur le papier.
Le Kurdistan, pour rappel, est écartelé entre la Syrie, l'Irak, l'Iran et la Turquie. Cette dernière craint qu'une indépendance de la partie syrienne ou irakienne, par exemple, fasse tache d'huile et finisse par l'indépendance de tout le Kurdistan, d'autant qu'elle affronte un irrédentisme dirigé par le PKK d'Ojalan.
L'opération turque, à la surprise générale, a reçu l'appui de Trump, alors que les USA sont toujours amis avec l'YPG, qui ont affirmé que la Turquie a le droit de se défendre, une attitude soutenue par l'Otan qui a simplement demandé à Ankara de faire preuve d'un peu de retenue. L'Europe par contre s'est alarmée de cette agression contre le peuple syrien.
Les Etats arabes, eux, sont aux abonnés absents. Bachar El Assad, qui a mené son pays à la ruine, se tait lâchement devant tant d'inertie, Erdogan redouble de férocité et d'agressivité. Il annonce que l'offensive militaire ne s'arrêtera pas au Kurdistan syrien et son Premier ministre renchérit : «Peu importe ce que diront les uns et les autres.»
Poussant son avantage, le président turc a demandé aux Américains de se retirer de la région de Minbej qu'ils contrôlent. A-t-il reçu des assurances de Donald Trump avec lequel il a eu une conversation téléphonique avant-hier ' Parce que l'arrogance et l'intranationalisme du maître d'Ankara inquiètent sérieusement, surtout que pour des raisons historiques, les Turcs n'ont aucune sympathie pour les pays du Moyen-Orient auxquels ils reprochent leur alliance avec l'Angleterre dans l'opération de démantèlement de l'Empire ottoman.
Rien ne dit que la Turquie ne veut pas refaire la carte du Moyen-Orient. Les conditions sont déjà réunies. Outre la Syrie, l'Irak ne retrouve pas son unité depuis l'agression américaine destinée à occuper les puits de pétrole. Deux autres pays arabes, le Yémen, attaqué par une coalition menée par les wahhabites saoudiens, et la Libye, en proie à la guerre civile, n'existent que formellement.
N'est-ce pas là l'exécution de ce plan concocté par Israël en 1956 et soutenue quelques années plus tard par les Etats-Unis ' Sa concrétisation a commencé avec le Soudan, aujourd'hui scindé en deux grâce à la complicité du dictateur de Khartoum, Omar El Béchir. Ce qui pousse à croire que l'homme fort d'Ankara joue un jeu malsain dont souffriront les peuples arabes.


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