Algérie

Complexe d'El Hadjar ou Robin Hood version Bollywood



Complexe d'El Hadjar ou Robin Hood version Bollywood
Il arrive souvent par de hasardeuses concomitances et à des milliers de kilomètres, l'un de l'autre, que des événements majeurs se télescopent. Ils peuvent concerner un groupe d'individus et/ou un peuple. Leur traitement, leur gestion se fait selon le niveau de culture de ces peuples ou groupes d'individus, mais aussi et surtout de la maturité politique de ceux qui les dirigent. En général l'un et l'autre critère ne peut aller sans l'autre d'où, par comparaison, la consistance même de la société d'un pays développé, d'un autre qui serait en voie de l'être et enfin de celui qui ne l'est pas et qui ne recèle aucune prédisposition en ce sens.Ces derniers temps il se trouve donc de formidables apparentements en Algérie et en France dans ce qui se passe au sein de grands pôles de l'industrie de l'acier appartenant au géant mondial de l'acier en l'occurrence ArcelorMittal. Bien sûr l'apparentement, en réalité, n'est pas très plausible par rapport à la nature même, du décor, scénario et casting des uns et des autres parmi les protagonistes du complexe sidérurgique d'El Hadjar et Florange.En France, les métallurgistes, qui ont de particulier de l'être de père en fils, se battent depuis des années pour sauver leur emploi. Il y a trois jours, cette lutte, que dans leur majorité les Français soutiennent en ce qu'elle véhicule comme symboles, leur a fait obtenir du candidat Hollande l'engagement de trouver une solution s'il lui arrivait d'être élu. Il l'a été et parole donnée parole tenue : il a certes commencé par le minimum, c'est-à-dire mieux comprendre le problème et pour ce faire il a rencontré au sein même de l'Elysée l'intersyndicale. Et si rien n'est encore acquis, semblerait-il, les premiers contacts sont porteurs d'espoir.En Algérie, les métallurgistes ne le sont pas de père en fils et ils n'arrêtent pas de se battre non pas pour préserver leur outil de travail, loin s'en faut, mais pour des augmentations de salaire qu'ils n'arrêtent pas d'obtenir depuis que le complexe a été repris par le magnat indien. La méthode est le chantage et il suffirait d'avoir comme porte-parole un fort en gueule et ça marche superbement. Aïssa Menadi a commencé par l'être depuis 1995 quand le pays était exsangue et l'Etat-Nation, exposé à d'énormes tentatives de déstabilisation, s'évertuait coûte que coûte à protéger ses entreprises parmi les plus stratégiques.Menadi s'est fait un nom, une réputation et surtout une situation en mettant à profit un vide sidéral et surtout la démission collective des responsables à tous les niveaux et, en s'investissant dans une discipline corrosive qu'est le football, il est parvenu à finir sa course dans ce qui est presque considéré comme le Panthéon par le commun des Algériens : le Parlement. Le temps et le ton n'étant pas toujours à la fête, ceux qui l'y ont porté la première fois, et ce sont sans nul doute les travailleurs du complexe sidérurgique et les supporters de l'USM Annaba, ont retenu la leçon d'un individu qui n'a toujours roulé que pour lui-même et lui ont tourné le dos. Revanche dans l'air alors, une grave allusion tombée dans la banalité grâce ou à cause des confrères, il décide non pas de reconquérir son poste de syndicaliste mais de le reprendre de fait et d'autorité comme s'il avait été gardé au chaud spécialement pour lui.Il n'est donc nul besoin de revenir sur les impérities que vivent les travailleurs du complexe et surtout les dirigeants étrangers, depuis que celui qui entre et sort d'un complexe, qui paraitrait plus protégé que Fort Knox si le citoyen lambda s'avisait d'y entrer, comme s'il franchissait l'huis de son domicile. Les forces de sécurité ne peuvent rien contre lui et ses soutiens, le tribunal prononce par ordonnance une interdiction d'accès que personne n'exécute, les cadres étrangers rejoignent et quittent leurs bureaux escortés comme si El-Hadjar se situait en Colombie, un bal aérien (hélicoptères) quotidien confine les lieux à un remake de Full metal jacket. Comble de l'ironie, aux dernières nouvelles, il se pose dorénavant comme le sauveteur de l'entreprise. Porteur d'un bidon réputé contenant de l'essence il menace de s'immoler au motif, selon certains médias, que la gestion actuelle menace la pérennité de l'entreprise. En fait, Menadi s'est trouvé pendant cinq années dans la meilleure des tribunes pour faire passer son message, voire influer sur le cours des choses en faveur de ses anciens collègues. Il ne l'a pas fait.Il a toutefois un mérite. Celui d'apporter la preuve qu'il n'existe plus d'autorité de l'Etat car en d'autres temps de tels comportements seraient réglés en un quart de tour. Et franchement fi de la démocratie et du respect des libertés. Le risque possible serait que le «courage» de Menadi fasse école à travers le territoire national et parvienne à convaincre des émules à en prendre exemple.
A. L.




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