Algérie

Complexe d'El Hadjar



Complexe d'El Hadjar
L'Etat n'a ni nationalisé ni n'a l'intention de restaurer un quelconque monopole dans le domaine de la sidérurgie, après la reprise en main à 100%, gratuitement ou selon les juristes «au dinar symbolique», mercredi dernier du complexe ArcelorMittal d'El Hadjar (Annaba). «On ne parle plus d'ArcelorMittal El Hadjar, mais du complexe d'El Hadjar». C'est ce qu'a affirmé, hier dimanche à la radio nationale, Kamel Djoudi, PDG du groupe IMETAL (Industries métallurgiques et sidérurgiques), qui gère une centaine d'entreprises, dégageant un chiffre d'affaires de 100 milliards de dinars, et plus de 27.000 agents. Le rachat par l'Algérie de la totalité des actifs d'ArcelorMittal d'El Hadjar «n'est pas une opération de nationalisation. Elle est adossée à des conditions financières et l'Etat n'a pas l'intention de restaurer un quelconque monopole», a indiqué M. Djoudi, précisant que «l'Etat n'intervient pas dans le financement du groupe. C'est une opération de rachat à titre gracieux sans contrepartie financière». Pour le PDG du groupe IMETAL, «le plus important, c'est que les négociations se sont soldées par un rachat gratuit». Les premières discussions avec le géant mondial de l'acier ont débuté au mois de mai 2015. Mercredi dernier, le ministère de l'Industrie et des Mines avait annoncé qu'ArcelorMittal et le groupe public algérien IMETAL étaient parvenus à un accord pour la restructuration de l'actionnariat des trois sociétés ArcelorMittal Algérie, ArcelorMittal Pipes and Tubes Algeria et ArcelorMittal Tébessa. Le ministère avait alors expliqué que cette restructuration «s'inscrit dans le cadre de la volonté du gouvernement algérien d'assurer la promotion et le développement de l'industrie sidérurgique nationale et de contribuer positivement à son objectif de promouvoir l'autosuffisance en acier», selon lequel cette opération doit optimiser le portefeuille d'actifs d'ArcelorMittal, qui va transférer ses participations minoritaires dans les deux sociétés ArcelorMittal Algérie (AMA) et ArcelorMittal Tébessa (AMT) ainsi que sa participation majoritaire dans ArcelorMittal Pipes and Tubes Algeria (AMPTA) à la partie algérienne qui contrôlera, de ce fait, pleinement ces sociétés. A charge, par ailleurs, pour le groupe IMETAL d'annoncer d'ici à décembre prochain la dénomination de la nouvelle entreprise sidérurgique dont l'Algérie détiendra la totalité des parts. »Nous sommes donc arrivés à un accord et aujourd'hui, nous avons mis en place un plan de restructuration du complexe d'El Hadjar», annonce M. Djoudi selon lequel «ce plan (de relance) est structuré autour d'une enveloppe de 720 millions de dollars, dont 600 millions de dollars seront mobilisés par la Banque nationale d'Algérie (BNA), et les 120 autres millions de dollars seront mobilisés par les actionnaires». Quant à ArcelorMittal, «il a mis la main à la poche avec 80 millions de dollars, et reste un partenaire, contrairement à ce qu'ont dit les médias», assure-t-il. Par ailleurs, M. Djoudi annonce deux phases pour la mise en place de ces investissements, la première, c'est «pour réhabiliter le haut-fourneau et son environnement, dont les installations en amont. C'est une lourde opération (qui sera) menée avec des partenaires étrangers», explique-t-il encore, avant d'affirmer que vers le mois de février prochain, le complexe va produire 1,2 million de tonnes d'acier, pronostiquant même que «l'objectif de production de plus de 2 millions de tonnes va être dépassé avec la mise en place de ce plan de relance». La seconde phase de production, avec un financement évalué à 300 millions de dollars, va mettre en place, indique M. Djoudi, «une nouvelle aciérie d'une capacité de production d'un million de tonnes». A terme, l'Algérie ne va plus importer d'acier, selon le PDG d'IMETAL, dès lors que la production sera de 6 millions de tonnes assurées par le complexe d'El Hadjar (2,2 MT/an) et celle prévue de Bellara de 4 MT.PLUS D'IMPORTATIONS D'ACIER«Notre objectif est que le complexe d'El Hadjar arrive à des niveaux de production appréciables et préserver les emplois. Un programme d'emplois est envisagé pour rajeunir les ressources humaines avec des cycles de formation de longue durée», assure le même responsable qui estime que «si on arrive à sauvegarder les 4.500 emplois d'El Hadjar et les 1.000 emplois des mines, ce sera un grand pari qu'on remporte !» A l'horizon 2019-2020, le groupe IMETAL table sur une production record de 8 à 9 millions de t, et «le secteur de la sidérurgie doit être au top de la région Mena», selon M. Djoudi, qui a d'autre part relevé que «le projet de Bellara avance très bien». «Il y a eu une reprise en main du chantier et une nouvelle équipe a été installée, les prérogatives sont claires», a-t-il expliqué, indiquant en outre qu'on est «très bien avancé sur la partie laminoir». Ce projet est développé en partenariat avec le N°1 qatari de l'acier, Qatar Steel, avec un objectif de production de 2 Mt dans une première phase et 3 Mt dans une seconde phase, soit 5Mt quand le projet sera achevé. Dès lors, cette «surcapacité» de production d'acier devra réduire la facture des importations d'acier, qui a atteint les 6 milliards de dollars en 2015 avec l'achat de 6 à 7 millions de t. «Nous serons à l'avenir en surcapacités, et la filière exportation est la bienvenue. Vers 2018, nous aurons satisfait les besoins du marché national en produits de sidérurgie», prévoit M. Djoudi, pour qui le projet d'exploitation de la mine de Gara Djebilet «est un grand chantier qui dépasse les capacités d'IMETAL, car il est dans une région éloignée». «On aura besoin de la contribution de tous les secteurs. C'est un projet à dimension nationale, et le segment des mines doit être mis en partenariat avec l'expertise étrangère, car il est très capitalistique, et demande beaucoup d'investissements», explique le patron du groupe IMETAL. Déjà, il annonce que «nous sommes en discussions avec des partenaires chinois qui sont intéressés par Gara Djebilet, et on négocie pour constituer un Consortium qui prendra en charge tous les éléments de ce projet». En outre, «on avance avec une multinationale émiratie pour le projet tuberie, et un Indien pour le rail (1,5 de tonnes pour le rail). On prévoit une aciérie dédiée à ces besoins spécifiques», explique-t-il, avant de revenir à El Hadjar et affirmer que la mise en production du complexe nécessite un investissement d'un milliard de dollars, avant de lâcher que sa reprise «est une bonne opération», contrairement à ce qui a été dit «par la presse».




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