Algérie

Complexe Arcelor Mittal d'El Hadjar : Tout sur le conflit Syndicat-Comité de participation



Complexe Arcelor Mittal d'El Hadjar : Tout sur le conflit Syndicat-Comité de participation
Photo : Fouad S. Le Complexe sidérurgique Arcelor Mittal de Annaba continue de défrayer la chronique en raison notamment de l'antagonisme né ces derniers mois entre le Syndicat et le Comité de participation (CP). Perturbations dans la production, suspension des négociations avec la direction de l'entreprise, absence d'activité syndicale et désarroi des travailleurs, sont autant d'embarras charriés au fil du temps. Notre reporter revient sur la genèse de ce conflit marqué pour le moment par un calme précaire. Fermé pendant de longues semaines, pour cause d'empêchement par des membres du comité de participation, le bureau du syndicat a rouvert ses portes, mercredi dernier, après une marche des syndicalistes, soutenue par des milliers de travailleurs, en grève jusqu'ici. Peu après, une réunion a eu lieu entre le bureau exécutif du syndicat et la direction. Réunion qui s'est soldée par deux points importants : mettre fin au débrayage et arrêter un nouveau calendrier de négociations. Si le premier point a été mis en application le soir même de la journée de mercredi, le second aura lieu le 18 du mois en cours, avec pour objectif de poursuivre le dialogue portant revendications des travailleurs, entamé au mois de juillet dernier. SUR FOND D'ACCUSATIONS Devant ce calme «précaire», les accusations se poursuivent entre le Syndicat et le CP. Des membres de ce dernier ont été entendus récemment par la brigade de la Gendarmerie nationale d'El Hadjar et ce, après avoir fait l'objet d'une plainte déposée par le syndicat, au lendemain des violents incidents éclatés le 18 août dernier. Les personnes concernées sont accusées d'avoir entravé les activités de la production, squatté les locaux du syndicat, propriétés de la société, saccagé des voitures de service et empêché des travailleurs de rejoindre leurs ateliers. Le syndicat montre du doigt ouvertement les membres du CP, d'être à  l'origine des incidents. Dans un document rendu public, il est souligné qu'une procédure d'exclusion de l'UGTA a été entamée à  l'encontre des membres du Comité, au nombre de 12. Un retrait de confiance du CP a été également entrepris. Le syndicat a affirmé avoir eu le soutien du patron de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd. Celui-ci qui a reçu le SG de la section syndicale du complexe M. Kouadria à  Alger a pris l'engagement d'intervenir en vue de remettre de l'ordre et de rétablir la situation. Des mesures allant dans ce sens ont été annoncées. Saisie conjointement par le syndicat et la direction de l'entreprise, la justice ordonna une enquête judiciaire qui amena à  la présentation, des membres cités, voire même des personnes étrangères au complexe. «Ceux qui sèment la discorde sont soutenus par d'autres personnes emprisonnées et qui cherchent à  se venger de ceux qui ont dénoncé leurs pratiques et libéré le complexe de leur emprise», s'est contesté le syndicat. Cependant, du côté du CP, un autre son de cloche se fait entendre. Le président du Comité, Bouraï Abdelmadjid, a précisé que les personnes accusées et convoquées par la Gendarmerie, ne sont pas des membres du CP mais, dit-il, des membres du conseil syndical même et qui ne s'entendent pas avec le SG du syndicat, M. Kouadria. D'après les explications avancées par le CP, les négociations entamées au mois de juillet dernier entre le syndicat et la direction de l'entreprise et qui ont été sanctionnées par la conclusion de plusieurs accords portant régime indemnitaire, n'ont pas été à  la hauteur des attentes des travailleurs et sont à  l'origine des lutte intestines. Pour montrer le fonctionnement «normal» du CP, le président Bourai mentionne la tenue d'une AG du Comité au mois de septembre dernier et qui a été sanctionnée par l'attribution (par le CP) de la prime de scolarité au profit de 7 444 enfants des travailleurs du complexe et un don de 10 000 DA pour chaque employé. Les divergences entre les deux parties antagonistes ne se limitent pas au seul cadre des accusations mais se sont prolongées au principe de représentativité et de crédibilité. Le Conseil syndical a affiché, en effet, sa prédisposition d'aller vers le renouvellement des deux structures dont l'objectif essentiel est de mettre un terme au conflit l'opposant au CP. Démarche soutenue d'ailleurs par la Centrale syndicale représentée par M. Abdelkader Malki. Celui-ci a indiqué, faut-il le rappeler, que des mesures seront prises pour surpasser la crise laissant entendre dans ses propos la possibilité de renouveler les représentations des travailleurs. Le CP n'a pas tergiversé dans sa réaction : «Le Comité n'est concerné ni de près ni de loin. Il n'est d'ailleurs même pas sous la tutelle du syndicat. Ce sont deux instances différentes avec des prérogatives différentes. Le Comité actuel a été élu l'an dernier et poursuivra son mandat de trois ans à  terme. Donc, pas question du renouvellement du CP», réplique son président Bourai.LES CRAINTES ET LES ASSURANCES DE LA DIRECTION à travers une longue lettre qu'il a adressée aux travailleurs, Vincent le Gouic, DG du complexe, prévient des risques qu'encourt l'entreprise si rien n'est fait pour rétablir la situation. D'après le DG, les grèves observées depuis le début de cette année ont coûté 6 millions de dollars, soit 45 milliards de centimes et une perte de 36 000 tonnes de production. Vincent le Gouic rappelle par contre les progrès réalisés, depuis juin 2009, par ArcelorMittal El-Hadjar dans les domaines de la prévention des accidents du travail, de la production et de la productivité, ainsi que les avantages accordés aux employés de l'entreprise. «Depuis cette date, notre taux de fréquence accidents du travail est passé de 6,5 à  3%. Notre production est passée en rythme annuel de 487.000 tonnes à  714.000 tonnes et notre productivité est passée de 75 tonnes par personne et par an à  118 tonnes par personne et par an», écrit-il dans la lettre. Il ajoute que conformément au pacte signé l'an dernier avec le partenaire social, le salaire de base moyen a augmenté de 25%. Il rassure que la compression d'effectif ne figure pas dans l'agenda de l'entreprise, «en dépit des difficultés conjoncturelles que rencontre la société», a-t-il précisé. Il cite à  ce propos le maintien des 320 cokiers, dont l'installation est paralysée pour cause de vétusté, et 450 employés de la tuberie, dont les installations sont à  l'arrêt pour absence de plan de charge. Pour ce qui est des employés des sociétés de sous-traitance activant pour le compte du complexe, et qui reviennent à  la charge ces jours-ci, le directeur fera savoir qu'un programme d'embauche au sein du complexe à  titre permanent est prévu. Vincent le Gouic affirme la volonté de son équipe à  poursuivre le dialogue avec le syndicat proposant à  ce dernier un programme de rencontres pour débattre du régime indemnitaire, la convention collective d'entreprise et enfin la grille de salaires. La communication d'Arcelor Mittal Annaba explique la traîne des négociations par le conflit né entre le Syndicat et le CP : «Le climat n'est pas propice pour poursuivre les négociations», nous a indiqué M. Guedha, chargé de la communication. Affirmant la reprise du dialogue pour le 18 octobre. A ce propos, il dira que les négociations porteront sur les points suspendus le mois d'août dernier.


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