Algérie

Compagnon de Boudiaf



Compagnon de Boudiaf
Ils ont fait le serment de libérer le pays. Ils ont fait le serment de donner leurs vies pour y arriver. Ils ont accompli leur serment en donnant leurs vies. Ils ont accompli leur serment en libérant le pays. Midouni Mohamed-Cherif avait fait le choix de faire partie de cette catégorie d'hommes exceptionnels. D'autres Midouni sont également associés, modestement, à la transition entre l'ALN et l'ANP.Rares sont les gens qui connaissent Axxam Oumeddour (La Maison Oumeddour) de Guenzet Nith Yalas (dans les montagnes du nord de Sétif), par contre le nom Midouni a une notoriété au niveau national notamment au sein de la grande famille de vrais révolutionnaires depuis l'Etoile nord-africaine jusqu'au FLN/ALN de la Wilaya III historique en passant par le PPA puis le MTLD et, plus tard, au sein de l'ANP (Armée nationale populaire). On peut considérer que le commandant Midouni Seddik, dit Rachid, ancien directeur du Génie militaire qui a péri en 1971 dans l'accident d'hélicoptère qui a coûté la vie à Chabou et quelques hauts officiers et le colonel Midouni Youcef, ancien chef de secteur militaire à la retraite, tous les deux neveux du chahid Midouni Mohamed Cherif ont été la relève.Le nom de Midouni a été solidement planté dans l'histoire contemporaine de la Petite-Kabylie et la Grande-Kabylie et du pays par Mohamed-Cherif, plus connu à Guenzet Nith Yalas sous le nom de Mohamed Cherif Oumeddour.Jeudi 18 août 2016, les membres de sa famille, des compagnons de lutte et de simples citoyens se pressaient au centre commercial de Hussein-Dey qui portera désormais le nom du chahid. Il faut saluer la louable l'initiative de la commune de Hussein-Dey. Mais un centre commercial de 49 locaux — les fameux locaux de Bouteflika construits en hauteur — quelque peu isolé est-ce suffisant pour mettre le nom d'un tel poids, le nom d'un homme que le géant de la Révolution, le colonel Amirouche en l'occurrence, a appelé pour donner plus de mordant au combat dans une partie de la Haute-Kabylie ' Passons. En Algérie, tout le monde sait à qui les noms d'institutions sont attribués et comment ces attributions sont décidées.Heureusement, il y a ces révolutionnaires”?.Il fallait avoir le caractère aussi solide que la pierre bleue qui constitue les montagnes du nord de Sétif pour aller commander aux hommes au caractère encore plus dur de la Haute-Kabylie d'aller combattre et mourir pour ce pays. Mohamed Seghir-Midouni était de cette catégorie d'hommes qui portent des convictions puisées dans les siècles de résistance de leurs aà'eux. D'ailleurs, c'est pour cette raison que Amirouche l'a rappelé, pour lui confier en 1956, avec le grade de capitaine, le commandement de la Zone 3 (Aà't Hichem-Larbaâ Naà't Irathen de la Wilaya III. Mais avant d'arriver au zénith du combat pour la liberté et la dignité de son peuple, le révolutionnaire Mohamed-Cherif, natif de Guenzet le 21 mars 1912, a fait le même itinéraire qu'ont accompli les éléments du grand noyau dur de militants qui a déclenché et gagné la guerre de Libération.Baigné dans le nationalisme ambiant de la région de Ith Yalas, Mohamed Cherif entre d'abord dans la résistance pacifique par l'exercice de la politique. D'après le témoignage de Mohamed Ghafir, dit Moh Clichy, son compagnon d'armes au sein de la Fédération de France, Midouni adhère la première, celle de l'Etoile nord-africaine créée à Guenzet en 1936, par Arezki Kehal, membre fondateur de cette organisation et bras droit de Messali Hadj.Victime de répression de l'administration française, il a été obligé de quitter Guenzet pour partir clandestinement en France. A la dissolution de l'Etoile et à la création, en 1937, du PPA (Parti du peuple algérien), le militant Midouni s'en retrouve automatiquement membre. C'est à ce moment que sa place au sein du Mouvement commence à prendre de l'ampleur lui permettant de cètoyer et travailler avec les grands dirigeants de ce mouvement tels que Boudiaf, Mahsas et d'autres. Idem après la dissolution du PPA décidée par l'administration française, il est également membre de fait du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) à sa création pour se substituer au PPA interdit. En 1939, il est enrèlé de force au sein de l'armée française et envoyé en Syrie. Ses protestations contre le comportement des troupes françaises lui ont valu des déboires et de l'emprisonnement. A la libération, il reprend de plus belle des activités politiques.En décembre 1945, il accueille dans sa demeure, à Guenzet , Mohamed Boudiaf, Mohamed Mahsas pour une réunion de travail qui a duré 2 jours. La réunion portait sur la situation politico-organique du mouvement dans la partie nord de la région de Sétif. Selon Ghafir, Boudiaf avait regagné Bordj-Bou-Arréridj à plus de 60 km à pied alors que Mahsas était resté bloqué par la neige pendant 6 jours à Guenzet.En 1947, Midouni organisa la venue à Guenzet du grand zaà'm de l'époque, Messali Hadj. Sur place, le leader du mouvement nationaliste s'est recueilli sur la tombe de son compagnon Arezki Kehal (membre du Bureau politique, président du Comité central, trésorier général du PPA et secrétaire général de la rédaction), considéré comme le premier martyr de la cause algérienne car il est décédé en 1938 après avoir subi des tortures à l'ex-prison Barberousse (Serkadji).Selon plusieurs témoignages vérifiés, Midouni a occupé le poste de responsable politique du PPA/MTLD de tout le nord de Sétif qui comprend notamment les régions des Ith Yalas, Ith Warthilane, Bougaâ et Bouandas. A la scission du mouvement nationaliste, il a choisi les centralistes. Ce qu'il lui a valu une agression des messalistes de Guenzet. En janvier 1954, ayant refusé d'obtempérer à l'injonction de cesser toute activité politique, il est à nouveau arrêté et emprisonné à Kherrata. A sa libération et craignant pour sa vie, le voilà reparti, en mars 1955, en France. La suite, c'est Ghafir Mohamed, dit Moh Clichy, qui connaît très bien Midouni puisqu'ils sont tous les deux originaires de Guenzet, qui nous la révélera. «Entretemps, Boudiaf qui a installé, au Luxembourg, les deux premiers responsables de ce qui sera la Fédération de France que sont Mourad Terbouche et Ahmed Doum, recommande à ces derniers de prendre contact avec Midouni qu'il a connu à Guenzet. Très rapidement après avoir été sollicité par les deux responsables, Midouni se retrouve à la tête d'un collectif d'une centaine de militants actifs et des sympathisants qu'il a recrutés dans le nord de Paris. C'est lui qui m'a recruté et qui m'a confié les responsabilités du quartier de Clichy et c'est également lui qui m'a donné le surnom de Moh Clichy. Constatant leur impuissance et l'efficacité de notre chef, les partisans du MNA de Messali Hadj l'ont attendu à la sortie de l'usine Bendix où il était employé pour le tabasser. Il fut hospitalisé pendant 45 jours et le médecin lui a délivré un arrêt de travail.»Le travail qu'a fourni Midouni et d'autres responsables en France se mesure à l'aune du rôle qu'a joué la Fédération de France au plan du recrutement, du rayonnement politique au niveau international de la cause algérienne et, surtout, du financement de la guerre de Libération. Il est, en effet, maintenant acquis que cette fédération, appelée aussi la 7e Wilaya, envoyait jusqu'à 80% du budget de la guerre.Ainsi meurent les hérosAprès cette tentative d'assassinat sur sa personne, Midouni prit la décision, en 1956, de rentrer au pays. Faisant probablement le bilan de son combat et de son parcours, il s'est surement dit qu'il était temps de passer à l'acte ultime qu'est celui qu'on n'accomplit que l'arme à la main. Ghafir nous relate : «Il nous a dit qu'il craignait pour sa vie et que, par conséquent, il allait rentrer au pays. Nous savions tous qu'il voulait rejoindre le maquis. 6 militants que sont Abderrahmane Yahia, Bouchaoui Mohamed Seghir, Bouchemla Babah, Zouaoui Layachi et Belaà'd Mohamed dit Mohand Ourir, tous originaires de Guenzet, voulaient l'accompagner pour faire comme lui, monter au maquis. Il s'est adressé à eux leur disant “le FLN ne vous oblige à rien. Chacun de vous est libre de choisir la voie qu'il veut”.).»L'Histoire enregistrera que les 6 militants de la Fédération de France sont rentrés en Algérie et ont rejoint le maquis avant de tomber au champ d'honneur les armes à la main.De son côté, Midouni, dès son arrivée dans la région, prend contact avec Amirouche. Le colonel lui confie le poste de commissaire politique des régions de Ith Yalas, Ith Warthilane, Bougaâ et Aà'n Roua. Le même colonel le rappellera en Grande-Kabylie pour lui confier la gestion de la Zone 3 de la Wilaya III. Il se dit que lors d'une tournée, il a rencontré Malika Gaà'd qu'il connaissait à Guenzet. Il lui a dit «tiens, au moins si je suis blessé tu vas me soigner».Le chahid est mort lors d'une bataille qu'il a engagée, lui et ses compagnons, un jour d'août 1958 contre l'ennemi, plus nombreux et mieux équipé.Dans la région de Djemaâ Saharidj, on lui voue un tel respect que les moudjahidine de la région ont refusé, en 1963, à la construction du cimetière des chouhada de Guenzet, le transfert de ses ossements. Ses anciens compagnons de lutte avaient dit devant la tombe du chahid aux membres de sa famille : «Il s'est battu avec nous, il nous a défendus et il a veillé sur nous. Il nous appartient.»Les moudjahidine de Djemaâ Saharidj ont tout simplement défendu la mémoire d'un homme qui a contribué à la constitution de l'histoire de l'Algérie.


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