Algérie

Commune de Naciria (Boumerdès) - La lente dégradation des villages agricoles



Commune de Naciria (Boumerdès) -  La lente dégradation des villages agricoles




Les équipements collectifs accompagnant ces villages ont été détournés de leur vocation.

Les conditions de vie des habitants des villages agricoles socialistes de la wilaya de Boumerdès se dégradent de jour en jour. Ces agglomérations qui ont été créées au début des années 1970 dans le cadre de la mise en œuvre de la politique de «La Révolution agraire», chère au défunt président Houari Boumediene, ont perdu leur lustre d’antan.

Les infrastructures d’accompagnement érigées par les autorités de l’époque ne servent pratiquement à rien aujourd’hui; certaines se trouvent dans un état lamentable car n’ayant bénéficié d’aucune opération d’entretien alors que d’autres sont occupées depuis plusieurs années par des familles en quête d’un logement décent.

C’est le cas des deux villages agricoles de la commune de Naciria, dont l’un est appelé Boujllal El Ghorf et l’autre Boumraou.

Erigés au milieu de terres fertiles, ces deux agglomérations où il ne fait pas bon vivre aujourd’hui ont subi de profondes transformations. Les constructions (R+1) qui faisaient leur charme ont connu des extensions anarchiques, au point où il est difficile de trouver une bâtisse qui n’a pas subi des réaménagements et ce en violation des normes de l’urbanisme en vigueur.

Les édifices publics réalisés pour répondre aux besoins les plus élémentaires des 8.000 habitants (4.000 environs pour chaque village) n’assurent pas le service et la mission auxquels ils sont destinés. La plupart de ces infrastructures sont transformées en logements, comme ce fut le cas pour la maison de jeunes et le bain maure (Hammam) du village Boudjllal El Ghorf qui abritent trois familles depuis plus de 10 ans. Mais ce sont les jeunes qui en pâtissent le plus, eux qui ne disposent d’aucun autre établissement digne de ce nom pour pratiquer leur sport préféré.

«Nous n’avons, pour le moment, qu’un petit stade en état de dégradation avancé et dépourvu de vestiaires ainsi qu’une salle de sport qui était un hangar. Il n’y a que les athlètes de karaté-do qui s’y entrainent. Les autorités locales ont déboursé 5 millions de DA pour son aménagement, mais elles ne l’ont pas dotée de douches et de matériel permettant aux athlètes de développer leurs talents», précise Farid, avant de se plaindre du chômage et de l’oisiveté qui lamine les jeunes.

Notre interlocuteur souligne que même l’annexe de l’état civil n’est d’aucune utilité pour les habitants du village, puisqu’elle est occupée par deux familles depuis les années 1990. À défaut de leur attribuer des appartements, les responsables locaux n’ont trouvé mieux que d’en construire une autre, mais cette dernière aussi n’est pas encore mise en service et ce malgré son achèvement depuis plus de quatre mois.

En attendant, les villageois continent d’aller jusqu’au chef-lieu communal pour se faire délivrer, après de très longues attentes, les documents administratifs dont ils ont besoin.

Même constat à Boumraou, où tout semble à l’arrêt. Jadis, ce village florissant avec son jet d’eau, ses espaces verts, son souk el fellah, son hammam et son foyer de jeunes, est tombé aujourd’hui dans l’anonymat. Mis à part la mosquée, avec son architecture mauresque qui a échappé à l’usure, la plupart des autres édifices ont été détournés de leur vocation. Le foyer de jeunes est habité depuis 6 mois par une famille au moment où des dizaines de sportifs de différentes disciplines s’entrainent dans une salle délabrée.

L’annexe de l’état civil, fermée depuis des décennies, n’ouvrent à présent que rarement. Le hamam est cédé pour un privé qui ne l’a jamais exploité. Le souk el fellah est livré, quant à lui, à l’abandon depuis les événements d’octobre 1988.

«Les services des domaines nous ont promis de l’affecter à la direction de l’éducation pour le transformer en une cantine scolaire pour le nouveau CEM, mais en vain», déplore Karim, un membre du comité de village qui s’élève contre les lenteurs enregistrées pour le raccordement de leurs foyers au réseau de gaz de ville et à Internet.

À toutes ces carences s’ajoutent le mauvais état des routes et le squat des trottoirs par les gens avides d’espaces, défigurant l’architecture de la localité, qui offre désormais, un spectacle hideux. Certains axes routiers, comme celui menant vers Iaâzaven, reste toujours à l’état de piste alors que d’autres sont dans état un lamentable depuis des années.


Ramdane Koubabi



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