Encadrés par leur directeur et deux enseignants, des élèves de l’école primaire de Tizit (daïra d’Iferhounène, 75 km à l’extrême sud-est de Tizi Ouzou) traversent prudemment la route séparant leurs salles de cours de la cantine scolaire, située dans l’autre moitié de l’établissement.
Au milieu d’une brume épaisse et sous une pluie battante, des véhicules circulent à toute vitesse sans se soucier de la vie de ces dizaines d’innocents. « Nous avons des salles libres qui peuvent servir de cantine au niveau du bloc situé sur le bas-côté de la route. Nous attendons seulement que l’APC d’Illilten décide d’épargner la vie de nos enfants de tous ces dangers », ironise un enseignant, en accédant à la loge de gardiennage transformée en bloc administratif. Le regard rivé à l’extérieur, il affirme que l’école primaire est abandonnée depuis des années. Les 110 millions de centimes dégagés en 2004, pour des travaux de réfection de l’établissement n’ont pas réglé les problèmes des infiltrations des eaux pluviales au niveau de quatre classes, ajoute-t-il. Le faux-plafond risque ainsi, d’un moment à l’autre, de tomber sur la tête des enfants. Les vitres cassées sont remplacées par des contreplaqués ou des cartons. Une salle de cours n’est toujours pas carrelée. Les coupures d’électricité sont fréquentes, surtout que le seul compteur qui alimente une dizaine de salles et un logement d’astreinte, disjoncte souvent. Le directeur de l’école déclare que c’est grâce aux efforts des deux agents, recrutés dans le cadre du filet social, que ces failles sont provisoirement comblées. Ce sont aussi ces deux agents qui s’occupent vainement du nettoyage des sanitaires dépourvus d’un minimum de conditions d’hygiène. L’école primaire de Tizit n’est par reliée au réseau d’assainissement et les eaux usées finissent ainsi dans une fosse septique, située en amont d’une fontaine publique. L’établissement primaire attend la réalisation d’une clôture en dur et l’achèvement d’un mur de soutènement de plusieurs mètres de hauteur. La cour n’est qu’un terrain vague qui laisse apparaître des pierres en lames, source de plusieurs accidents dont sont victimes les écoliers. Le service du gardiennage n’est pas assuré la nuit, dit-on. L’inexistence de l’éclairage fait courir à l’établissement le risque de cambriolage. Le premier responsable de l’école primaire de Tizit déclare que l’APC d’Illilten a été saisie, à maintes reprises, pour intervenir. « En vain », répond-il en montrant l’une des correspondances qu’il a envoyée à l’actuel maire. Dans la plupart des établissements scolaires de la commune d’Illilten, la situation est presque semblable. L’école primaire de Souk El Had est, elle aussi, coupée par la route. Les classes fermées, pour manque d’effectif, sont laissées en jachère. Le directeur de l’établissement s’est plaint de l’affectation abusive des enseignants vacataires qui quittent les lieux dès l’obtention de leur accord de recrutement. La présence d’une décharge sauvage à proximité de l’établissement rend l’air irrespirable durant les journées de fortes chaleurs. L’état d’abandon dans lequel se trouve l’ensemble des établissements scolaires de la région d’Illilten dément en fait tous les discours des responsables à tous les niveaux qui ne cessent pas de répéter que les enfants des régions montagneuses feront l’objet d’un intérêt particulier.
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Posté Le : 14/02/2007
Posté par : hichem
Ecrit par : Lyès Menacer
Source : www.elwatan.com