Commodo

- Il pourrait au moins installer «un je ne sais quoi» pour évacuer cette fumée qui nous empeste !- Chkoune l'a autorisé '- Personne ! Mais à mon sens, il faudrait installer la problématique dans le contexte des enquêtes commodo-incommodo régies par la loi...- Ça y est, commence ! Un commando ou deux commandos, ghir kif-kif ! C'est pas toi qui habite au premier et qui reçoit toutes les odeurs !Depuis quelque temps, le nouveau voisin du rez-de-chaussée a transformé la chambre donnant sur la rue en commerce «quatre-saisons» spécialisé en beignets. Les odeurs d'huile brûlée causent des désagréments aux habitants des étages supérieurs. Les voisins ont proposé une réunion pour régler ce problème.- Moi, je pense qu'il faudrait déléguer quelqu'un parmi nous pour le raisonner, dit cérémonieusement le sage.- Avec ces gens, illik el-matreg. Surtout, paraît-il, qu'il a lektaf. S'il faut déléguer quelqu'un, ça sera mon frère, il a déjà une idée. Ça demande un peu de temps mais le résultat est sûr.C'est ainsi que le lendemain, ledit frère se présenta chez le «sfendji».- Es-salam ! Est-ce que vous auriez deux cents beignets prêts '- Non khouya, mais...Le marchand n'a pas fini sa phrase que le type a déjà démarré sa voiture. Le lendemain, même heure, même scénario. Pendant quinze jours, notre «sfendji», au même moment, par la même personne, la même question lui était posée.Décidé, notre marchand recrute du personnel, multiplie les poêles et s'affaire toute la nuit à préparer la pâte pour cette commande qui le mettrait quelque temps à l'abri du besoin. C'est que le type qui fait cette commande est connu sur la place. C'est un acheteur d'une société nationale... A l'heure H, le même client arrive.- Est-ce que vous auriez deux cents «sfendja ouajda»'Heureux, le commerçant répondit positivement.- Amala koulhoum !Le «sfendji» déclara faillite et l'immeuble est déclaré non pollué... On devrait faire ça à tous ceux qui ont transformé leur appartement du rez-de chaussée en commerce de chiche-kebab, faisant fi de l'environnement des kalab qui vivent au premier.