Algérie

Commission Bensalah : La pause-café est terminée



«Les rencontres programmées avec les partis politiques et personnalités sont terminées, mais l’Instance de consultation sur les réformes poursuivra son travail pour élaborer son rapport qu’elle remettra au Président», a déclaré à l’AFP une source proche de cette instance. Ni l’opinion nationale encore moins la presse étrangère n’ont accordé une importance à la commission Bensalah chargée pourtant de recueillir les avis des «uns et des autres» sur la conception de la «future Algérie». Le porte-parole de cette commission, Mohamed Ali Boughazi, a été forcé à trois reprises d’intervenir pour expliquer la démarche et le travail de la troïka mandatée par le président Bouteflika pour mener des consultations avec la classe politique et la société civile en vue de l’établissement d’une nouvelle Constitution. Et comme à l’accoutumée, ce sont la clientèle, les associations satellitaires, les personnalités maison du régime qui se sont bousculées au portillon pour proposer «tout et n’importe quoi». Même le football s’est invité comme projet politique national. Pour rappel, le président Bouteflika aurait interdit à ses ministres de se rendre à la commission. «Daho Ould Kablia voulait participer au nom de l’association des anciens du MALG, mais le Président trouvait cela inopportun, pareil pour le ministre des Moudjahidine», confie un haut responsable. Sur les 250 personnes conviées à ces consultations, moins de 200 auraient répondu à l’appel. Parmi les interventions les plus médiatisées, on relève celle de Khaled Nezzar et de Zohra Drif Bitat qui, en l’espace d’un rendez-vous, se sont recyclés dans l’opposition. La plus surprenante vient par contre du RND d’Ahmed Ouyahia qui milite désormais pour la limitation des mandats présidentiels et l’ouverture de l’audiovisuel au privé. Déffection Le FLN, quant à lui, s’est présenté avec une feuille de route «incomplète», une autre manœuvre du FLN version Belkhadem, puisque c’est en septembre prochain que les hautes instances du parti trancheront la question de la limitation des mandats. Selon des observateurs, le FLN a pris le soin de ne pas «irriter»  les sensibilités du Président et sera ainsi «le premier à applaudir les décisions de Bouteflika». Entre un régime semi-présidentiel ou plein, ou bien parlementaire, il en ressort, selon les diverses déclarations des intervenants, que le choix est porté sur un système parlementaire.Des sources proches de la Présidence affirment que «les consultations devaient se poursuivre jusqu’à fin juin, mais vu le faible engouement et la défection de grosses pointures, cela ne pouvait durer, d’autant que les propositions formulées çà et là n’étaient pas du goût du chef de l’Etat». «Elles manquent de créativité.» A en croire cette sentence, Abdelaziz Bouteflika sera amené, en cas d’échec, le 4 juillet prochain, à réunir les ex-présidents algériens pour des consultations restreintes au palais d’El Mouradia, et serait obligé à changer de stratégie. Les partis de l’opposition et les syndicats autonomes hostiles au pouvoir avaient qualifié ces consultations de «cirque», de «mascarade» pour d’autres et de «monologue» pour les protagonistes du boycott. Le tout sur fond de répression menée par le pouvoir contre toute contestation politique, populaire ou syndicale. Alors que ces consultations devraient aboutir à plus d’ouverture et de respect des libertés collectives et individuelles, la CNCD a été empêchée de battre le pavé comme chaque samedi, les médecins résidents battus violemment par la police, les chômeurs du Sud réprimés comme des malfrats et traités comme des Algériens de seconde zone. L’affichage des listes de bénéficiaires de logements sociaux provoque des émeutes à cause de l’injustice et les pratiques désormais légalisées dans la distribution des logements au profit de la clientèle du système, et ce, sans omettre de souligner le cas du journaliste poursuivi pour violation du secret d’instruction. Avec ses agissements, le système en place donne la preuve que rien ne changera et que ces consultations n’étaient là que pour animer le «grand cabaret national».


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