Algérie

Commentaire : Une exigence partagée



La demande  algérienne d'une repentance de la France pour ses crimes coloniaux n'est pas l'apanage des officiels comme on cherche parfois à  le faire croire outre-Méditerranée. Les enfumades, les massacres à  grande échelle plus d'un siècle durant, la torture et les couperets de la guillotine ont marqué toute une génération. De ce côté-ci de la mer, des voix comme celle de l'historien Patrick Farbiaz qui a estimé jeudi que le projet de loi initié par des parlementaires algériens visant à  criminaliser le colonialisme est «nécessaire pour établir un nouveau mode de gouvernance». Également responsable des affaires internationales des Verts, il  a plaidé un «devoir de mémoire». La France officielle qui n'arrive pas à  se défaire des relents de la guerre coloniale qu'elle mena en Algérie trouve déjà contradicteur chez elle. Les voix et les positions de ses intellectuels et politiques lucides sauvent, certes, son honneur entaché. Mais quels que soient le courage et la clairvoyance de ces hommes, c'est dans la transmission à  la nouvelle génération des valeurs nationales que réside l'enjeu de cette querelle des mémoires. La notre n'a pas seulement à  connaître des hauts faits d'armes de ses aînés. Elle n'aura de cesse à  ce que l'ennemi d'hier présente aussi ses excuses comme il l'a déjà fait pour des adversaires qui eurent pourtant à  subir moins sa hargne et la sauvagerie de sa soldatesque. Pourquoi seule la France s'acharne à  exiger pardon et repentance de l'Allemagne et à  conditionner par un tel geste de repentir la reprise d'un cours normal de leurs relations ' La demande de justice est partagée par de larges secteurs de l'opinion algérienne qui s'est maintes fois exprimée à  travers des associations diverses et nombreuses. «La France doit demander officiellement pardon pour toutes les atrocités et crimes commis contre le peuple algérien durant la période coloniale». Cette déclaration jeudi à  Alger des membres de l'Association nationale des anciens condamnés à  mort (1954-1962) est loin d'être unique. Elle recoupe et fait écho à  celles d'autres organisations. Notre pays a chèrement payé sa libération pour favoriser l'émergence d'une culture de l'amnésie.  La Journée du chahid célébrée ce jeudi aux quatre coins du pays a été un moment de rappel de la valeur des sacrifices des hommes qui ont arrosé de leur sang la terre algérienne et l'occasion d'entretenir ce devoir de mémoire. A clamer haut et fort que celui-ci serait plus complet avec des excuses en bonne et due forme de la part de l'ex-puissance coloniale.


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