Algérie

Commentaire : Un salaire pour un temps ou une entreprise pour longtemps '



C’est la revendication brandie çà et là dans toutes les entreprises. Les collectifs se mobilisent partout pour l’augmentation des salaires. La sécurité sur les lieux de travail, les besoins de formation sont totalement escamotés par ce qui s’apparente à la première des urgences, à une nécessité vitale. A première vue, cela paraît dans l’ordre des choses alors que le pouvoir d’achat, malgré les multiples et récentes augmentations, n’arrive plus à suivre le coût de la vie. Il y aurait même dans une société marquée par l’égalitarisme de l’outrecuidance à aller à contre courant d’une telle attente. Le pays a eu pourtant tout le temps de sa familiariser avec les effets désastreux de l’économie administrée où les salaires étaient distribués sans une quelconque contrepartie. Mieux ou pire, les travailleurs d’entreprises déficitaires bénéficiaient de primes. Qu’importe la rentabilité, la performance des entités économiques. Le salaire reste perçu davantage comme une partie de la rente revenant de droit à chaque citoyen qu’une juste rétribution d’un effort. Certes, les inégalités flagrantes justifient quelque peu cette attitude. Il s’agit d’un autre débat. L’équilibre de beaucoup d’entreprises ne tient pourtant qu’à un fil. Certes, celles dont l’aspect commercial est plus prononcé, à la trésorerie florissante et aux produits jamais à court d’acheteurs peuvent supporter tout contrecoup. Elles peuvent amortir le choc. En sera-t-il de même pour celles dont la situation financière est bancale ' Une augmentation dans ce cas prendra l’allure d’un coup de grâce. Il est tout à fait clair que des majorations de salaires à Sonatrach ou Sonelgaz n’auront pas le même effet que dans une entreprise de chaussures ou de textiles. Le choix est entre augmenter des salaires pour un temps ou préserver l’entreprise pour longtemps. Il ne sert à rien d’empocher une année durant des salaires élevés pour se retrouver au chômage. A l’ère de l’économie de marché, de l’autonomie des entreprises, les écarts de salaires sont une réalité. Ce n’est plus une décision volontariste des pouvoirs qui fixent les salaires mais c’est en fonction de la situation de chaque entreprise que la grille des salaires est établie. A l’exception de la fonction publique, le pouvoir de la puissance publique s’est considérablement réduit en la matière.L’amélioration des conditions de travail et du pouvoir d’achat est certes un paramètre pour toute autorité  soucieuse de paix sociale.Le souci des équilibres financiers qui conditionnent la pérennité des entreprises ne doit pas être sacrifié sur l’autel de cette perception. Elle risque de se révéler inopérante et de courte vue.      


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