Algérie

Commentaire - Suicides par immolation : Un jeu pervers



S’immoler, voilà un verbe destiné apparemment  à avoir une fortune médiatique. Celui qui pour une raison ou une autre veut se faire entendre ou faire parler de lui, n’a qu’à s’asperger d’essence et craquer une allumette. Etrangement, cette pratique qu’on croyait étrangère à nos mœurs devient un trait de culture dans le monde arabe. L’AFP répercutera le moindre incident. On peut compter sur elle, mobilisée qu’elle est de Nouakchott à Baghdad. Finis les grands mouvements populaires et les hommes de conviction dans ces contrées qui en ont pourtant compté. On veut suggérer que c’est le nouveau moyen de lancer les révolutions comme on lancerait une marque de savonnette. Certes, le cas de Mohamed Bouaziri qui s’était enflammé dans une petite ville de Tunisie a fait le tour  de la planète. C’était l’expression finale d’un désarroi. Pour autant, en valorisant ainsi ces immolations volontaires, ne risque-t-on pas seulement de profiter de la  détresse de personnes fragiles qui croiraient ainsi rentrer par la grande porte de l’histoire ' Brûler son corps peut être un cri de désespoir, un refus d’une injustice. Triste époque. Mais amplifier le phénomène, vouloir à  tout prix en faire le moyen de révolte, relève d’un jeu pervers et malsain. Le monde est fou, comme dirait l’autre. Un tel acte, répréhensible en Islam qui prévoit des flammes éternelles pour celui qui a recours, ne gêne personne. C’est la même logique qui a conduit à banaliser les porteurs de ceintures explosives. Pour assouvir des appétits de pouvoir, même des partis militant pour l’application de la chariaâ seraient davantage prêts à charger les gouvernants qu’à relever le caractère sacrilège de l’acte.   Pour les laboratoires qui croient avoir trouvé le modèle pour allumer des brasiers, le procédé est tout trouvé. Désormais, celui qui a tort ou raison, décide d’exprimer son mécontentement sera sûr de devenir le point de mire. Exit les forums de partis et de syndicats. Place aux révolutions virtuelles où les écrans  remplacent les champs de bataille.  Les médias sont prompts à s’emparer de ces histoires. Quelques mois plus tard, personne ne s’en souvient. Au fait, comment il s’appelle celui qui avait jeté ses chaussures sur Bush ' Pourtant, les foules s’étaient enflammées pour lui. 


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