Algérie

Commentaire : Questions sur une intervention pas comme les autres



Les Libyens qui se sont soulevés comme les Tunisiens et les Egyptiens, pour en finir, eux aussi, avec les Kadhafi qui les gouvernent depuis septembre 1969, doivent avoir après l’« Aube de l’odyssée » mille et une raisons d’être anxieux. Tout comme les Nord-Africains qui restent perplexes devant la diplomatie sauce Bernard-Henri Lévy qui refuse de voler au secours des chiites du Bahreïn, du Koweït, d’Arabie Saoudite, des révoltés du Yémen, des Ivoiriens avec leur Alassane Ouattara qui a une légitimité aussi forte que celle des insurgés de Benghazi et…des mineures en danger de dignité au pays de Berlusconi et une question à un euro symbolique : si la Libye sombre dans le chaos après la chute programmée de Kadhafi, qui en portera la responsabilité ' L’espoir d’un printemps à Tripoli est plus que jamais menacé par la sainte alliance passée par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis avec les « Arabes de Washington » dont certains, notamment ceux qui sont engagés dans la répression des aspirations démocratiques de leurs peuples, pourraient fort bien être les prochaines cibles. A la lecture des déclarations des uns et des autres, force est de constater que nous sommes loin de la résolution 1973 : interdire tout vol dans l’espace aérien libyen pour protéger la population civile et faire respecter un cessez-le-feu.Les frappes sont destinées, selon Nicolas Sarkozy, à mettre fin à « la folie meurtrière d’un régime qui (...) a perdu toute légitimité ». L’«objectif final» de la résolution de l’ONU, c’est le départ de Mouammar Kadhafi, insiste Hillary Clinton. Barack Obama, qui a déterré le projet dit Nouveau Moyen-Orient lors de son discours du Caire, veut, après le morcellement du Soudan et l’inscription de l’Irak et du Liban sur la liste des pays passibles de guerres confessionnelles, mettre la main  sur le pétrole libyen après avoir chassé Kadhafi du pouvoir et installé un servile et loyal shérif   à Tripoli. Ceux qui pensent que les Américains et les Européens sont enclins à intervenir même quand le pétrole n’est pas en jeu, comme pour promouvoir la démocratie dans les pays du Golfe par exemple, sont, au mieux, des naïfs. MAM, l’ex-ministre des Affaires étrangères de Sarkozy, désormais « sauveur des peuples en danger » n’a-t-elle pas proposé, il y a à peine trois mois, l’aide des policiers de l’Hexagone pour casser du Tunisien ' Il est vrai qu’en mauvaise posture dans les sondages, une action éclatante sur le plan international ne peut que faire du bien au président-candidat qui doit bien mijoter une recette sur le choix des peuples, qui, à l’avenir, méritent son  assistance et ceux qu’il laissera seuls. Autrement dit, la «1973» qui est basée sur un postulat : Kadhafi exerce une répression criminelle « contre le peuple libyen et les populations civiles éprises de liberté » est biaisée. Officiellement, l’action de Kadhafi vise à réprimer une rébellion qui cherche à le renverser par la force. Plus terre à terre, ce soutien à une rébellion transgresse le principe de souveraineté des Etats et normalise la politique des deux poids, deux mesures qui caractérise l’action onusienne de plus en plus encline à «carburer» là où on sent l’odeur du pétrole ou le besoin de diviser pour régner. Après l’ouverture de la boîte de Pandore dont personne ne sait ni comment, ni quand elle se refermera, surtout avec toutes ces armes octroyées ou larguées, le risque de se réveiller demain avec une Libye coupée en deux, Cyrénaïque et Tripolitaine, et pourvoyeuse de «joujoux» à tuer au Sahel n’est plus une vue de l’esprit.


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