Commentaire : Les embusqués

Les grèves et autres manifestations ont été toujours pain béni pour des milieux politiques ou économiques qui, à  défaut de proposer une alternative crédible, s'empressent toujours de profiter de la détresse et des combats des autres pour se replacer. La vocation d'un parti, d'un syndicat est pourtant d'avoir des prolongements dans le monde du travail, de l'université. Initier des actions et non d'attendre les occasions propices pour se mettre en avant est le seul gage de crédibilité d'une organisation politique ou sociale. Accaparer des combats des autres à  défaut d'initier les siens est une tactique ancienne et éprouvée.  Les grèves à  la SNVI de Rouïba et à  Arcelor Mittal de Annaba n'ont pas échappé aux velléités de manipulation. D'aucuns ont aussitôt pensé à  l'avant-Octobre 1988 quand la grève dans cette zone industrielle préluda aux événements malheureux qui firent des centaines de victimes. Le but non avoué était sans doute de vouloir rééditer ces tragiques journées. Le temps était surtout venu d'enterrer croyait-on  l'UGTA. Ce n'était pas tant la satisfaction des intérêts matériels ou moraux des collectifs de salariés  qui importait. On feint d'oublier la raison essentielle des arrêts de travail pour se focaliser sur la disparition de cette centrale qui a toujours su allier la défense des travailleurs et les intérêts du pays dans les moments de doute et d'incertitude. Le monde est toujours ainsi fait. Quand les uns montent au charbon, d'autres sont embusqués pour en tirer les dividendes politiques et plus souvent économiques. Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale ne s'est pas contenté d'agiter des épouvantails. Il a pointé du doigt des milieux économiques qui chercheraient à  briser la production nationale pour favoriser les importateurs de véhicules industriels. Le moment semble bien choisi. Au moment où l'on évoque une relance de ce secteur et au vu des appétits que suscitent les sommes engagéés pour le prochain programme  quinquennal, il serait erroné de croire que cela ne relève que du domaine des suppositions farfelues.   Cette politique de récupération a fait beaucoup de mal à  notre pays. On a fini par suspecter tous les nobles combats et à  entrevoir davantage l'ombre de ceux qui cherchent toujours à  tirer les ficelles. Ceux qui n'ont pas pour unique souci le bien-être des hommes mais leurs et propres intérêts comme mobile.