Commentaire : Le poisson ' à deux prix

La pêche a repris de plus belle après un long repos biologique. Les chalutiers reviennent avec plus ou moins des calles pleines…au petit bonheur la chance. Sur le légendaire port de pêche de Zemmouri, on ne badine pas avec les prix, la vente sur quai est déjà fixée au plus offrant. Les armateurs et vieux loups de mer s'accordent sur un tarif syndical pour aligner le prix du poisson à  celui des viandes.  Le poisson blanc se négocie par lot : pagre royal, espadon, raie, sont soumis à  une sauvage surenchère loin des bourses moyennes. C'est d'abord les restaurateurs qui font monter la tension pour faire atterrir dans leur menu, du  poisson  à Â  1OOO DA pièce. Tous les managers des cinq étoiles ont le pied marin pour faire main basse sur les pêcheries. Il en restera toutefois au commun des mortels de quoi frire un petit plat de sardines.  Sur le marché de Bab El Oued il y a des «marins qui chantent» pour vendre moins cher qu'ailleurs. Ils sont, pour la plupart, d'anciens gens de mers. Le centre d'intérêt du poisson s'est déplacé  vers le populaire marché des trois horloges. Il n' y a pas que la pêcherie d'Alger qui régule avec une certaine opacité le marché. A Bab El Oued,  on y vient prendre le pouls de la mercuriale dans le jovial vacarme des poissonniers qui s'égosillent à  vendre moins cher qu'ailleurs. A chaque fin de matinée, c'est la braderie qui  prend le relais. Cette tradition de vente au gré à  gré entre le consommateur et le vendeur de poisson tient d'un consensus environnemental qui met la qualité du produit en adéquation avec le timing de péremption. Dans cette noble course au bon prix, les deux partenaires sociaux se revoient tous les matins pour mettre le poisson à  portée de bourse.Les ressources halieutiques sont sujettes à  de grandes spéculations. On attribue souvent la hausse des prix au transbordement volontaire de cargaisons de poissons et autre crevette royale au large de nos côtes, loin des regards.