Algérie

Commentaire : Le dernier quart d'heure



«Jetez la Révolution dans la rue et elle sera portée à bras le corps par tout le peuple». Cette phrase prémonitoire d’un des  chefs historiques, Larbi Ben M’hidi, a finalement pris forme un jour de décembre 1960. Le déferlant humain jaillissant tel un torrent ne peut qu’étayer la vision du théoricien de la grande lutte armée du peuple algérien.  Belcourt, quartier de prédilection de la révolte populaire  s’est réveillé de sa torpeur pour exprimer à la face du monde sa détermination à se libérer définitivement du  joug colonial.Par ce sombre samedi après-midi du 10 décembre 1960, l’histoire était au rendez-vous de l’événement. Si le boutefeu de Ain Témouchent  à donné la réplique à la venue du général  De Gaulle venue s’enquérir d’un bien-fondé de la grande fronde nationaliste, l’artère de la rue de Lyon, aujourd’hui Mohammed Belouizdad  se transforma en champ de bataille où la bravoure   à main nue  et la colère du peuple ont  porté l’estocade à la bête coloniale. La féroce répression de l’armée ne pouvait outre mesure avoir raison du soulèvement salvateur qui changea le cours de l’Histoire, ramenant la logique de guerre dans l’échiquier de la belligérance soumis aux négociations politiques pour la souveraineté totale de l’Algérie. Les tenants de l’Algérie française confinés dans le «dernier quart d’heure», se sont employés à la politique de la terre brûlée en tentant le va-tout  pour faire jouer «la menace à l’encontre de la communauté française en danger de mort». Cette turpitude militariste actionnée par l’administration coloniale fut vaine dès lors que les manifestation populaires de Belcourt, la Casbah, Climat de France,  El Harrach, enfin dans l’ensemble du territoire national, ont battu en brèche le projet «des braves» prôné par De Gaulle.  «L’Algérie indépendante» portée par des milliers de voix, au prix de dizaines de martyrs tombés sous la mitraille à empiler  les bureaux de l’Elysée et l’hémicycle des Nations unies. Désormais, le combat mené dans la rue a eu raison de l’entêtement des nostalgiques du père Bugeaud. Le peuple  a  parlé, mettant sous sa bannière toutes les composantes de la société algérienne, il eut le courage de descendre dans les artères de la capitale scander la  libération après une longue nuit coloniale.Ce repère historique dressé à l’endroit d’un long processus de lutte et soulèvements populaires est l’aboutissement de la grande résistance du peuple algérien depuis le grand serment sous le «Dardar». Aux tirs rageurs  des militaires français, les manifestants répliquaient par leur détermination à en découdre une fois pour toutes avec l’occupant. Le grand champignon de fumée émergeant d’une aire de stockage des Monoprix de Belcourt sonna le glas d’une suprématie  bourgeoise coloniale. La scène figée, l’instant d’une réflexion faisait croire à un tableau sorti tout droit des toiles d’un Fragonard : Alger en braise aux couleurs rouge sang qui illumine le ciel. Accompagné par les feux de la révolte   jusqu’aux dépôts «Monserat» à Birmandreis . En une nuit, le feu et le sang avaient signé d’un  trait indélébile la fin d’une époque. Sur les décombres du colonialisme, se tenait pour la dernière fois  «l’homme de Colombey» à la stature Gaullienne, courbant l’échine pour enfin lancer : «Je vous ai compris». Cette phrase fatale à transformé l’Algérie, le temps d’une révolte, en une immense forteresse humaine.  Pris de court, les services spéciaux français ne pouvaient  que contempler le cours de l’Histoire d’un peuple parachevant son indépendance.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)