Algérie

Commentaire : Haro sur les marchands



Il y a moins de vingt ans, la consommation de drogues était limitée à des milieux très fermés comme celui des artistes. Les brigades de stupéfiants existaient et dans les «mahchachate», phénomène urbain où se consommaient des drogues douces destinés aux «basses classes» de la société.  La plupart des Algériens ne découvraient les ravages de la drogue qu’à travers les séries policières ou des livres qui racontaient la descente aux enfers des habitués des plantes hallucinogènes. Aujourd’hui, le démantèlement de réseaux d’approvisionnement ou l’arrestation de dealers est un aspect banal et routinier de l’activité des services de sécurité. 250.000 à 300.000 jeunes âgés de 12 à 35 ans, consomment de la drogue. C’est un facteur qui explique aussi l’aggravation de la violence dans notre société.'Le travail de sensibilisation des associations se fait désormais dans des endroits comme les plages, les universités et même les écoles, qui ne sont plus à l’abri de cette forme de criminalité. Même les imams sont sollicités pour mettre en garde contre les dangers de la drogue. L’attrait du gain, les bouleversements sociaux qui affectent les structures sociales qui étaient un rempart de protection pour les personnes fragiles, la perte des repères semblent être à l’origine de la prolifération du mal. Même les localités de l’intérieur du pays et les femmes ne sont plus à l’abri. Dans la typologie du mal être algérien, la toxicomanie prend de plus en plus de place. Les chiffres de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT) ne se limitent pas à attirer l’attention sur l’ampleur de la consommation des drogues. La saisie de 100 tonnes de drogues  durant les années 2009 et 2010 est un indicateur révélateur sur l’avancée inexorable du mal. Les chiffres indiquent surtout une tendance structurelle qui voit notre pays passer de l’état de consommateur à celui de producteur. Désormais, à en croire le DG de l’ONLCDT, M. Sayeh,  «des tentatives manifestes de culture de drogues, autres que le cannabis, notamment le pavot ont été constatées». Ces dernières années, ce sont des drogues dures qui ont fait également leur apparition sur le marché algérien à l’instar de l’héroïne ou de la cocaïne. La situation de l’Algérie, porte de l’Europe, en fait, enfin, un pays de transit pour des drogues en provenance d’Amérique du Sud, via l’Afrique de l’Ouest ou un pays comme la Guinée Bissau est devenu une plaque tournante de ce trafic. La proximité du Maroc, considéré comme un gros producteur de cannabis, menace directement notre pays. La vigilance est d’autant plus nécessaire que des enquêtes ont mis en lumière des liens entre l’argent de la drogue et les réseaux terroristes. Le commerce de la drogue est une des formes de cette criminalité transfrontalière qui mobilisent tous les Etats qui ont souscrit des engagements internationaux. La riposte algérienne est multiforme. Elle se décline avec un programme de construction de centres contre la toxicomanie ou sont assurés des consultations et des écoutes des consommateurs. On ne se contente pas pour autant de la simple prévention. L’Algérie a mis son appareil judicaire et mobilisé ses services de sécurité au service d’un combat qui vise à traquer «les marchands de la mort». 


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