Le scandale des moutons de l'Aïd El Kébir dont la viande a laissé apparaître des signes de putréfaction quelques heures seulement après leur abattage s'ajoute à la longue liste d'autres affaires du genre, où le citoyen découvre, abasourdi, au détour d'une opération de contrôle des services de la qualité et de la répression des fraudes, que son assiette n'est pas aussi saine qu'il le pense.Avant cette histoire de moutons nourris aux hormones, au mépris de la loi et du protocole technique d'alimentation du bétail, il y eut, on s'en souvient, l'année dernière, durant le mois de Ramadhan, le démantèlement à Alger, au marché Ali Mellah, d'un réseau de bouchers véreux versés dans la commercialisation de viande de baudet que l'on faisait passer pour de la viande ovine. Un abattoir clandestin avait été découvert par les services de sécurité dans un hangar désaffecté, à El Harrach.Le même marché Ali Mellah avait encore fait parler de lui avec la découverte de quartiers de viande saupoudrés d'un produit dangereux utilisé dans les morgues comme conservateur et recyclé par les bouchers criminels pour donner à la viande avariée proposée sur leurs étals une apparence de fraîcheur.Dans une de ses récentes parutions, le journal Le Monde diplomatique a publié une enquête-choc sur l'usage non contrôlé et excessif des pesticides et produits phytosanitaires dans les cultures maraîchères dans les régions du sud du pays. Les témoignages d'experts algériens, cités par le journal, donnent froid dans le dos, quand on apprend que ces beaux légumes qui nous viennent du Sud et qui ont déclassé, par leur calibre et leur qualité apparente, les produits du Nord sont de véritables bombes pour la santé publique.Guerre commerciale pour fermer les frontières européennes aux produits du Sud ' Menace réelle ' On ne sait trop. C'est une règle chez nous : les scandales, de quelque nature qu'ils soient, ne durent que le temps d'un orage d'été. Passés les moments d'émotion et les cris d'orfraie, la température sociale redescend, les dépassements et violations de la réglementation et l'impunité qui va avec reprennent leurs droits. L'activité de contrôle de la qualité des produits est réduite à des opérations ponctuelles sans lendemain des agents de la répression des fraudes, qui interviennent a posteriori pour constater les dégâts et verbaliser.L'intervention sur le terrain des brigades de contrôle de la qualité est certes nécessaire et indispensable. Mais elle ne peut être d'aucun effet sur l'assainissement des circuits de commercialisation, si elle n'est pas soutenue, en amont, par une maîtrise des circuits de production et de distribution pour une meilleure traçabilité des produits. Cette affaire de moutons dopés aux hormones qui a scandalisé les Algériens n'aurait jamais existé, si la filière de la production animale et les marchés aux bestiaux n'étaient pas livrés aux prédateurs qui écument ce juteux commerce qui échappe au contrôle des autorités.Quand on voit tous ces points de vente anarchiques et non contrôlés de moutons qui ont essaimé partout dans nos villes et villages, avec la duplicité des autorités locales, les rituels conseils sanitaires sur les risques du kyste hydatique donnés à la population à l'occasion de l'Aïd El Kébir paraissent ridicules devant les autres dangers autrement plus dévastateurs qui guettent la santé des citoyens.
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Posté Le : 20/09/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Omar Berbiche
Source : www.elwatan.com