Algérie

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Même les symboles de tolérance et de pardon liés à la fête de l'Aïd El Fitr n'ont pas ébranlé la justice qui n'examinera la demande de liberté provisoire des responsables de la chaîne KBC et de la déléguée au ministère de la Culture que le? 10 juillet prochain. Comme s'il fallait encore les punir en les privant de passer les fêtes avec leurs familles. De surcroît une dame respectable sous les verrous et pour rien.Dans la culture algérienne, cela relève de l'intolérable et s'appelle de la hogra au sens le plus révoltant du terme. C'est un abus de la justice que de refuser à ces citoyens-là, artistes et fonctionnaires, la mise en liberté pour une raison bien simple, évidente, facilement vérifiable : ils ne sont susceptibles de présenter aucun des dangers pouvant justifier leur incarcération. La justice des pays modernes n'a pu se hisser à son niveau actuel que parce qu'elle s'est éloignée de la détention préventive.Pour les juges des Etat démocratiques qui l'ont intégrée dans leur culture, la liberté est le principe fondamental de la justice et l'emprisonnement une exception. L'Algérie a bien inscrit cela dans sa législation, mais elle ne s'y conforme pas. Pourquoi ' Il y a certainement un problème au niveau de la conscience des juges algériens, et peut-être dans leur formation.Mais le problème majeur, réglé dans les nations developpées, réside dans la mise sous tutelle de l'appareil judiciaire par le pouvoir politique. Et cela ne date pas d'aujourd'hui. Dans l'expression de leurs libertés, les citoyens ont toujours eu à affronter la justice instrumentalisée, celle qui fonctionne aux ordres émis par les puissants. Comme elle a été conçue pour servir de bras armé contre les contestataires de l'ordre établi, elle a fini par faire partie intégrante du système politique. Un lien organique unit le politique et le judiciaire, le second au service du premier.En Algérie, on est loin de la conception noble de la justice : indépendance vis-à-vis de l'Exécutif, du parlementaire et des forces de l'argent. Aussi, à tout instant et en tout lieu, n'importe quel citoyen peut se retrouver sous les verrous pour n'importe quelle accusation, par n'importe quelle juridiction. Il ne saura ce qu'on lui reproche qu'après avoir croupi dans une geôle, où il risque rapidement d'y retourner (une fois levée sa détention préventive) par un verdict «inspiré» d'en haut.S'il fallait questionner les Algériens sur leurs grandes craintes aujourd'hui au sein de leur société, figure en tête de liste l'insécurité judiciaire. C'est le grand paradoxe. Bien avant les militaires et les policiers, les juges sont censés être les premiers à apporter protection et sécurité. Ils ne le font pas. Et c'est ce qui vaut à l'Algérie d'être un pays retardataire en matière de droits de l'homme et de droits humains d'une manière générale, un pays très mal classé au niveau mondial, régulièrement épinglé par les grandes ONG internationales.


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